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Expressions multiples de l’obstruction du thorax (xiongbi) en acupuncture

Résumé : L’obstruction du thorax (xiongbi) recouvre des pathologies multiples, intéressant les trois zones du thorax : le Cœur, le Poumon et le médiastin. Nous allons reprendre la physiologie et la physiopathologie commune selon la médecine chinoise. À partir de l’étude et de l’analyse de six cas cliniques, il est démontré que le diagnostic variable retentit sur le traitement. Il comprend une part commune, justifiant l’appartenance au xiongbi et une part variable, adaptée à la richesse des pathologies rencontrées. À ce stade de la recherche, le résultat est corrélé à l’amélioration des symptômes rapportée par les patients. Mots clés : acupuncture - xiongbi – cardialgie – angine de poitrine - hernie hiatale - dilatation des bronches. Summary : Blocking thorax (xiongbi) covers multiple pathologies, interesting three areas of the chest : the Heart, Lung and mediastinum. We will resume the physiology and pathophysiology common according to Chinese medicine. From the study and analysis of six clinical cases, it is shown that the variable diagnosis sounds on treatment. It includes a common share, justifying belonging to xiongbi and a variable portion, adapted to the wealth of pathologies. At this stage of research, the result is correlated with improvement in symptoms reported by patients. Keywords : acupuncture - xiongbi - cardialgia - angina - hiatal hernia - bronchiectasis.


Voir en ligne : Hawawini R. Expressions multiples de l’obstruction du thorax (xiongbi) en acupuncture. Acupuncture & Moxibustion. 2015 ;14(4)

Introduction

Cadre clinique théorique important en médecine chinoise (zhongyi) (MC), le xiongbi recouvre des pathologies multiples, intéressant les trois organes et zones du thorax : le Cœur, le Poumon et le médiastin. Si la physiologie et la physiopathologie sont communes, le diagnostic est plus varié, ce qui entraîne des règles de traitement communes et spécifiques. Nous allons reprendre tous ces aspects en orientant l’article surtout sur les exemples cliniques. Ils témoignent de la véracité des hypothèses médicales construites par les Chinois. Notre apport se résume au seul esprit de synthèse, pensant rendre plus facilement visible ce cadre théorique complexe, à la compréhension de la MC en Occident.

Aspects anatomiques et physiologiques

Le thorax se divise en trois zones : le cœur situé devant ; le poumon de chaque côté ; le médiastin, le couloir qui relie le pharynx au diaphragme, est limité ; devant, par le cœur ; derrière, par la face antérieure de la colonne vertébrale ; de chaque côté, par les lobes pulmonaires. Dans le médiastin, passe l’œsophage et un ensemble des vaisseaux, nerfs et ganglions. Au cœur seront associées les affections cardiaques : angine de poitrine, infarctus du myocarde et maladies des gros troncs artériels. Ils correspondent à la "vraie douleur du cœur" ou zhenxintong. Au poumon seront associées les affections pulmonaires : dilatation des bronches, abcès du poumon, embolie pulmonaire, pneumonie, pneumothorax, cancer du poumon, pleurésie. Au médiastin est associé le cancer de l’œsophage, la hernie hiatale, les syndromes médiastinaux. D’autres affections peuvent rentrer dans ce cadre : arthrose sterno-costale et zona thoracique. Afin de ne pas surcharger l’article, nous allons surseoir à la description physiologique, comme nous le faisons habituellement. Dans le cas du xiongbi, elle implique les cinq zang.

Causes et mécanismes

Le xiongbi fait partie des maladies internes (neike), il est une apparence (biao) de Plénitude (shi) avec un fondement (ben) de Vide (xu). On reconnaît au xiongbi quatre causes que nous résumerons : le grand âge affaiblit le yang des Reins ; les troubles émotionnels intéressent les cinq zang ; les déséquilibres alimentaires affaiblissent le qi et le yang de Rate et l’Estomac ; les Énergies perverses externes attaquent surtout le Poumon. Les mécanismes fondamentaux sont deux Plénitudes, la Stase de Sang (yuxue) dans le thorax (xiong) et l’obstruction (bi) par les Mucosités (tan) ; sous-tendues par deux Vides, de qi et de yang. Le Vide de yin est très souvent associé. Le diagnostic d’un xiongbi suppose une affection ancienne et chronique, ce qui justifie le mélange du Vide et de la Plénitude ainsi qu’un traitement à vie.

Physiopathologie Elle intéresse les Trois Réchauffeurs (sanjiao) ; d’une part, le thorax (shangjiao) ; d’autre part, les ventres sus (zhongjiao) et sous-ombilicaux (xiajiao). Le thorax : Au thorax, le Cœur et son Enveloppe (xinbao), dite Maître du Cœur ; ces deux structures sont la cible primordiale du xiongbi, quelle que soit la zone atteinte. L’insuffisance du yang et du qi entraîne un défaut de propulsion du Sang, cause de l’obstruction (bi). Ainsi Cœur et Maître du Cœur seront le but privilégié du traitement au thorax, même en cas d’atteinte du Poumon et du médiastin. Le ventre : Au ventre, Rate, Foie et Reins participent tous au déséquilibre qui va s’installer dans le thorax. Le Vide de qi et de yang de Rate ne lui permet plus de chasser l’Humidité qui se transforme en Mucosités, lesquelles sont de l’impur (zhuo) qui monte au thorax par le méridien de l’Estomac. Le Vide de yang des Reins affaiblit celui de la Rate, ce qui participe à l’insuffisance du yang thoracique qui ne peut plus propulser le Sang. La Stagnation du qi du Foie entraîne celle du Sang, aggravant d’autant plus l’obstruction thoracique. En cas de Vide de yin (des Reins), le yang du Foie s’élève et se transfère à son fils, le Cœur. Il y a yin Vide, Feu fleurissant : élévation du yang du Foie avec Cœur et Reins n’ont pas d’échange.

Sémiologie

Les cinq symptômes les plus importants, sont : la vraie douleur du Cœur qui authentifie le bi ; l’oppression thoracique due ici à la Stase de Sang, qu’on peut retrouver dans les maladies pulmonaires et médiastinales ; la dyspnée qui peut intéresser toutes les zones, surtout le Cœur et le Poumon ; la toux et les expectorations sont plus spécifiques des maladies pulmonaires. Le pouls est essentiellement se (rugueux) et xian (tendu), ce qui montre l’importance de la Stase et de l’obstruction. Les variations sont nombreuses en fonction des déséquilibres associés. La langue peut être grosse (Humidité-Mucosités) ; pâle (Vides de qi et de yang) ; avec un enduit blanc (Vides de qi et de yang), parfois gras (Mucosités) ; mauve ou avec des taches mauves (Stase de Sang). Là encore, les variations sont possibles en fonction des déséquilibres associés.

Traitement

Le traitement intéresse le thorax et le ventre. Le traitement du xiongbi peut être prioritaire sur une autre affection, même si elle paraît différente (voir Suwen, 65 et Lingshu, 25). C’est que la Stase de Sang bloquée au thorax ne permet pas de la mobiliser ailleurs, si elle n’est pas d’abord levée à sa source. Le suivi doit être régulier sur une longue période, la guérison définitive jamais obtenue. Le thorax Il s’agit de régulariser le Cœur et son Enveloppe afin de favoriser la propulsion du yang, ce qui lève l’obstruction. Deux formules sont employées ; la manipulation est une dispersion. Première formule : 
  Geshu 17V (hui-réunion du Sang) : mobilise la Stase de Sang. 
  Xinshu 15V (beishu polyvalent), juque 14RM (mu-collecteur polyvalent) : la puncture beishu-mu du Cœur régularise le qixue et le yin-yang et clarifie la Chaleur du Cœur, ce qui calme le shen. 
  Neiguan 6MC (barrière = guan, de l’interne = nei, mobilise ainsi toute Stase interne), ximen 4MC (xi-crevasse, point d’accumulation du qixue qu’il mobilise) : ouvrent la poitrine et mobilisent le Sang, puisque le méridien du Maître du Cœur entre dans la poitrine par le tanzhong. Seconde formule 
  Geshu 17V (hui-réunion du Sang) : mobilise la Stase de Sang. 
  Xinshu 15V (beishu polyvalent), jueque 14RM (mu-collecteur polyvalent), jueyinshu 14V (beishu polyvalent), tanzhong 17RM (mu-collecteur polyvalent) : la puncture beishu-mu du Cœur et de son Enveloppe régularise le qixue et le yin-yang et clarifie la Chaleur du Cœur, ce qui calme le shen. 
  Neiguan 6MC (barrière = guan, de l’interne = nei et luo), tongli 5C (luo) : en dérivant le qixue, les points luo permettent de traiter la douleur.

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Références 1. Hawawini R. Exposé didactique de pathologies en acupuncture chinoise Tome I et Tome II. Paris : éditions You-Feng ; 2011 et 2012. 2. Wang XZ. L’obstruction thoracique en médecine traditionnelle chinoise. Forbach : Institut Yin-Yang ; 2002.

Acupuncture et Médecine Physique à la 1ère Asian-Oceanian Conférence de Médecine Physique de Nanjing 2008

 


La première Conférence Asie-Océanie de Médecine Physique et Réhabilitation a réuni 6 à 700 médecins à Nanjing, au Centre de Conférence du Jiangsu du 16 au 19 mai 2008. La responsabilité de l’organisation scientifique revenait à Janan Li (Département de Médecine Physique, Premier hôpital, Université de Nanjing, Chine), la présidence à Tai Roon Han (Département de Médecine Physique, Université de Séoul) avec le support de l’ISPRM (International Society Of Physical Medicine Rehabilitation) représentée par son président Chang-il Park (Département de Recherche en Médecine Physique, Collège de Médecine de l’Université de Yonsei, Séoul, Corée).


 

Voir en ligne : Sautreuil P. Acupuncture & Moxibustion. 2009,8(8):181-188.

Des thèmes concernant directement ou indirectement les médecins acupuncteurs, il se dégage plusieurs éléments : 
- en Chine la pratique classique traditionnelle évolue souvent vers une utilisation moderne des aiguilles et de l’électro-acupuncture ; 
- l’approche scientifique de la physiopathologie des triggers points fait des progrès importants en médecine occidentale. Elle n’est pas incompatible avec l’usage de l’acupuncture, bien au contraire ; 
- les rapports acupuncture/médecine physique ne sont pas encore bien définis mais il est évident que cet élément de la médecine traditionnelle chinoise, en Chine où à l’extérieur, entre de plus en plus dans la panoplie des soins de médecine physique ; 
- taijiquan, yijingjin, qigong ont une place importante dans la prévention des conséquences du vieillissement. Nous ne développerons pas les thèmes spécifiques à la spécialité (analyse du mouvement ; toxine botulique ; rééducation pédiatrique, gériatrique, après traumatisme cérébral, après accident vasculaire cérébral ; lombalgies ; lombalgies et ostéoporose ; rééducation après lésions nerveuses périphériques et centrales ; après traumatisme sportif ; rééducation cardiaque et pulmonaire ; évolution de la spécialité dans dix-neuf pays de l’ensemble Asie-Océanie ; organisation de l’enseignement…). Après le compte-rendu de cette réunion, nous évoquerons le tremblement de terre du 12 mai 2008 dans le Si chuan, des visites au service d’acupuncture de l’hôpital de MTC de Nanjing (de la province du Jiang su), au Mausolée Sun Yat-sen et au Musée d’Histoire.

Acupuncture au Centre Médical de l’Université Kyung Hee de Séoul, Corée du sud (1ère Partie)

 


L’Université privée Kyung Hee de Séoul, fondée en 1952, comprend le plus grand hôpital universitaire de Corée. Nous nous intéressons à l’acupuncture pratiquée dans quelques uns de ses principaux services (première partie). Une attention particulière sera portée au département d’Acupuncture et Moxibustion et à celui de Médecine Physique (deuxième partie). Des informations sur les domaines de la gynécologie, la pédiatrie, l’ophtalmologie, la dermatologie, la neuropsychiatrie sont disponibles en anglais


 

Voir en ligne : Acupuncture & Moxibustion 2008 ; 7(4):349-355

L’hôpital universitaire de l’Université Kyung Hee et le centre de médecine Est-Ouest

L’hôpital universitaire de Kyung Hee est un des plus grands de Corée. Son centre médical haut de 16 étages (figure 3) compte 2000 lits et reçoit chaque année 300000 patients en hospitalisation et 800000 en consultation. Cent soixante professeurs encadrent les activités médicales. Chaque année, 340 internes et résidents suivent une formation de spécialiste [1]. Le centre de médecine Est-Ouest, fondé en 1971, comprend un hôpital de médecine occidentale1, un hôpital dentaire, un hôpital de médecine coréenne (phytothérapie traditionnelle ou moderne) et un centre du cancer (ouvert en 2006). Une collaboration entre médecine scientifique et médecine traditionnelle crée un nouveau concept de prise en charge, une synergie entre les deux approches diagnostiques et thérapeutiques. C’est un leitmotiv en médecine coréenne, allier les deux médecines, l’Orientale, riche de sa longue tradition plurimillénaire, et l’Occidentale, puissante de ses savoirs et de ses techniques. Les patients bénéficient ainsi d’un équipement moderne et d’une prise en charge traditionnelle comme la « Sasang constitution ».

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