Le Figaro Santé du 22 août 2022

 

 

Acupuncture: pour quelles affections est-elle efficace ?

 

Les études cliniques valident les effets des petites aiguilles avec un haut niveau de preuve pour le traitement des douleurs, des migraines et des céphalées.

Dans la médecine traditionnelle chinoise dont elle est un des éléments, l'acupuncture vise à équilibrer l'énergie vitale, le Qi (prononcer « tchi »), et à réguler ainsi le fonctionnement des organes. La ­méthode ? Stimuler, essentiellement à l'aide de fines aiguilles, certains des 361 points localisés sur les 20 méridiens où le Qi circulerait à la surface du corps.

Selon cette médecine, la maladie, ainsi que la douleur ou tout autre symptôme résultent d'une mauvaise circulation du Qi. La fluidifier main­tiendrait donc le corps en bonne santé et la rétablir permettrait de favoriser la guérison en ­restaurant le bon fonctionnement des organes.

L'acupuncture a donc une visée préventive, mais également curative, avec de larges indications, puisqu'elle ne se focalise pas sur un organe à traiter, mais sur tout un organisme à équilibrer. Si l'existence biologique du Qi et des méridiens reste globalement un mystère, non validé par la science, des effets cliniques ont été observés.

Un antidouleur efficace

Pour en savoir plus, près de 13.000 essais cliniques ont été menés depuis les années 1970. Il s'agit pour une part de protocoles dits randomisés où l'on compare l'acupuncture à l'absence de traitement ; ou à un autre traitement ; et même à un placebo en utilisant des aiguilles rétractables mimant l'effet des aiguilles réelles.

En 2014, l'ensemble de ces résultats a été ­expertisé par l'équipe Inserm du Pr Bruno Falissard. Cette étude a conclu à un haut niveau de preuves pour les céphalées et les migraines (conséquence, elle est présente dans les nouvelles recommandations 2021 de la Société française d'études des migraines et céphalées) ; pour de nombreuses douleurs (articu­laires, musculo-squelettiques et postopératoires), mais aussi pour les nausées et les vomissements - notamment ceux liés à la chimiothérapie -, et certaines allergies.

Un niveau de preuves modéré a également été établi pour certaines neuropathies, les douleurs gynécologiques, les troubles psychiatriques (anxiété et ­dépression) ou digestifs (constipation, intestin irri­table…) et pour le traitement de séquelles des accidents vasculaires cérébraux.

«Une médecine fortement personnalisée»

Ainsi, l'acupuncture a gagné sa place dans le milieu médical, avant tout pour le traitement des douleurs. Elle offre un complément intéressant lorsque la médecine conventionnelle n'est pas en mesure d'apporter seule un ­soulagement satisfaisant. Notamment pour ceux prenant certains traitements médicamenteux, tels les opiacés, aux effets secondaires ­parfois violents.

« Les essais randomisés contrôlés sont indispensables pour valider les usages des interventions non médicamenteuses, notamment l'acupuncture, précise le Pr Julien Nizard, président du Collège universitaire de médecines intégratives et complémentaires. Néanmoins, ils n'offrent sans doute qu'une vision ­partielle de ses effets potentiels. Comme pour d'autres thérapies non pharmacologiques, il faut également ­tenir compte du retour d'expériences des praticiens experts, ainsi que de l'avis et des préférences des ­patients. C'est essentiel car il s'agit d'une médecine fortement personnalisée où la relation entre le patient et le praticien joue un rôle majeur dans l'amélioration des symptômes. Aussi nous faut-il développer davantage les études qualitatives afin de mieux sonder ­l'expérience vécue des patients et la relier à des ­critères d'efficacité. »

Grâce à ces études, le champ des ­indications thérapeutiques de l'acupuncture pourrait s'élargir dans les années à venir.