Van Gogh : revue de littérature de ses diverses pathologies et essai d’analyse du déséquilibre énergétique à travers ses peintures

 Résumé : Après une revue de la littérature sur les divers diagnostics selon la médecine allopathique attribués à Van Gogh, une analyse de ses peintures est réalisée selon une grille de lecture basée sur la correspondance entre les couleurs, les Cinq Eléments, les Cinq Emotions et les Sept Sentiments. Une corrélation a pu être établie entre les diverses pathologies dont souffrait le célèbre artiste selon le diagnostic occidental et les déséquilibres énergétiques révélés par les couleurs de ses œuvres, vus sous l’angle de la différenciation des syndromes bianzheng). La prédominance de jaune, de vert et de bleu dans l’ensemble de ses peintures pourrait être attribuée à ses troubles traduits en termes de déséquilibres énergétiques selon la médecine chinoise. Mots-clés : Cinq Eléments - couleurs - déséquilibre énergétique - bianzheng - Van Gogh

Summary: After a review of the literature on various diagnoses according to allopathic medicine, an analysis of Van Gogh’s paintings is performed, on the basis of correspondence between colors and the Five Elements, the Five Emotions et the Seven Feelings. A correlation hasbeenestablished between the diverse diseases of the famous artist, according to Western diagnosis, and energy imbalances revealed by the color of his paintings, from the perspective of pathophysiological syndromes (bianzheng). The predominance of yellow, green and blue in his artwork may be attributed to his disorders, in terms of energy imbalances according to Chinese medicine. Keywords: Five Elements - colors - energy imbalance biangzheng - Van Gogh

   

Introduction

 Hésitant un temps entre vocation artistique et vocation religieuse, Vincent Van Gogh choisit de se consacrer à la peinture. Tout le monde s'accorde à voir en Van Gogh le mythe absolu du génie, du fou, du miséreux, artiste méconnu et condamné au malheur. Sa carrière n'a duré qu'à peine dix ans, et il se serait suicidé [1] en laissant derrière lui une œuvre considérable. Malgré de graves troubles neuropsychologiques, Van Gogh ne s’est quasiment jamais arrêté de peindre. En dix ans, il a réalisé près de neuf-cents tableaux et un millier de dessins.

Son style très coloré présente une vitalité et une tension particulière qui n’ont pas fini de marquer les esprits. Il applique les couleurs par touches de pinceaux, sans mélanger sur la palette. Sous le soleil de Provence, son style de peinture se modifie. Ses toiles sont plus colorées. Il peint par larges touches courbes et utilise abondamment les couleurs jaune, vert et bleu.

La relation entre les trois disciplines, science, médecine et art, a longtemps été un domaine d’exploration fascinant avec leurs contrastes étonnants et leurs frontières mal délimitées. La confrontation des problèmes médicaux chez les artistes (beaux-arts, musique, etc.) a toujours fait couler beaucoup d’encre. On peut pratiquement dire qu’aucune personnalité n’a été autant diagnostiquée à titre posthume que Vincent van Gogh.

Cet article ne vise ni à ajouter une nouvelle maladie à la longue liste déjà établie à ce jour, ni à argumenter sur le «bon diagnostic». Il se propose, à partir des couleurs utilisées par Van Gogh, de faire une « lecture énergétique » basée sur la correspondance entre les couleurs et les Cinq Eléments, les Cinq Emotions et les Sept Sentiments. Un déséquilibre énergétique, dans le cadre de la différenciation des syndromes (bianzheng) selon la médecine traditionnelle chinoise, peut-il influencer sur le choix des couleurs dans toute création artistique ? 

 

Multiplicité de pathologies et de diagnostics en médecine allopathique

 

Vincent Van Gogh (1853-1890) donnait dans son art une essence profonde de la vie, et de façon unique. Plus de cent-cinquante psychiatres et médecins de différentes spécialités ont tenté d'identifier «la maladie» de l’artiste et de multiples diagnostics ont été proposés.

Cependant, comment les troubles neurologiques dont il souffrait ont-ils pu influencer son art ? Ceci n’est pas encore clair. La combinaison de sa personnalité excentrique, irascible, ses humeurs instables et sa créativité prolifique rendent la compréhension de sa pathologie très complexe. Cela pose un grand défi à ceux qui essaient d’analyser les relations existant entre «l'esprit artistique», le cerveau et la maladie. En fait, la plupart des diagnostics proposés pour Van Gogh au cours du siècle dernier ne sont pas basés sur des preuves médicales, mais sont seulement en partie vérifiables à partir d’analyses de ses tableaux et des données biographiques.

D’après une récente publication [2] datant de 2013, une analyse de la maladie de Van Gogh a été réalisée à la lumière de sa correspondance, dont la qualité littéraire est largement reconnue. L’auteur s’est basé sur les antécédents médicaux de l’artiste à travers les nombreuses citations dans ses lettres, pour voir comment Vincent a exprimé ses plaintes, ses émotions liées à sa maladie. Les symptômes sont devenus plus précis après décembre 1888. Au début, Van Gogh avait beaucoup hésité à parler de sa maladie, mais peu à peu, il décrivait dans ses lettres ses expériences tout au long de ses psychoses cycloïdes. Selon l’auteur, il existe des signes de synesthésie, de prosopagnosie et d’agnosie spatiale. L'affinité de Van Gogh pour la poésie, déjà au début de sa vingtaine, rend plausible l'hypothèse d'une excitation du lobe temporal par des décharges épileptiques, ce qui pourrait expliquer en partie le fonctionnement complexe de son esprit créatif et torturé par la souffrance. L’auteur a tenté de placer les diagnostics effectivement réalisés au cours de la vie de l’artiste dans leur contexte historique et culturel. Il est évident que ceux qui établissent un diagnostic et ceux qui le reçoivent sont impliqués dans le même contexte culturel, en tenant pour acquis les modes médicales de leur temps, y compris les biais incorporés. Par ailleurs, à partir des archives de la faculté de médecine de Montpellier et de la correspondance de Van Gogh, le Pr François-Bernard Michel [3] a reconstitué les relations de l’artiste avec ses trois psychiatres (les Drs Jean-Félix Rey, Théophile Peyron et Paul Gachet), de 1888 à son suicide en 1890. Il a montré comment tous les trois ont raté la prise en charge du génie, ne laissant à Van Gogh aucun espoir de guérison.

Il existe une certaine tendance de la part des médecins et des groupes de patients à mouler « la maladie » de Van Gogh dans un schéma propre à leur spécialité ou à leur maladie [4].

Parmi les diagnostics énoncés dans plus d’une douzaine d’articles retrouvés dans Pubmed (dont la 1ère date de 1981 et les derniers en 2013), on peut citer : glaucome, xanthopsie induite par la digitaline, dyschromatopsie acquise, maladie de Ménière, épilepsie du lobe temporal, trouble bipolaire, saturnisme, intoxication à la thuyone, saturnisme, psychose cycloïde (voir tableau I). Chacune de ces maladies pourrait être responsable des troubles neuropsychologiques qui auraient été aggravés par la malnutrition, le surmenage, l'insomnie et un penchant pour l'alcool, en particulier pour l’absinthe.

 Tableau I. Symptômes/pathologies dont souffrait Van Gogh (PubMed).

 

Symptômes

Références

Institution/Pays

Halos colorés attribués au glaucome

[5] Lanthony P, Bull Soc Ophtalmol Fr.

Service de Physiologie – CNO des XV-XX Paris France

Xanthopsie et cataracte

[6] Arnold WN, Loftus LS. Eye (Lond).

Department of Biochemistry and Molecular Biology, University of Kansas Medical Center, Kansas City 66103.USA

Xanthopsie due à intoxication digitalique

[7] Lee TC. Jama.

[8] Elliott DB, Skaff A. Ophthalmic Physiol Opt.

 

 

[9] Lanthony P. J. Fr Ophtalmol.

 

USA

Centre for Sight Enhancement, School of Optometry, University of Waterloo, Ontario, Canada

 

Service de Physiologie – CNO des XV-XX Paris France

Dyschromatopsie acquise

[10] Hart WM Jr. Surv Ophthalmol.

Department of Ophthalmology, Washington University School of Medicine, St. Louis, Missouri, USA

Maladie de Ménière (épilepsie controversée) : vertiges et étourdissements épisodiques, déséquilibre physique, symptômes auditifs, acouphènes ainsi que réaction présumée psychologique, secondaire à sa symptomatologie physique

 

[11] Arenberg IK et al. Jama.

[12] Arenberg IK et al, Acta Otolaryngol Suppl.

International Meniere's Disease Research Institute, Colorado Neurologic Institute, Englewood 80110. USA

Epilepsie

Remarque : Epilepsie : Diagnostic rédigé par le Dr Peyron, médecin à l'asile de Saint Rémy (France), dans lequel le 9 mai 1889, Van Gogh s'est volontairement engagé à l'asile pour épileptiques et déments

 

[13] Meissner WW. Bull Menninger Clin.

 

 

[14] ter Borg M, Trenité DK. Epilepsy Behav.

Boston Psychoanalytic Institute, Boston College, MA. USA

 

Epilepsy Institute of the Netherlands Sein, Pays-Bas

Trouble bipolaire,

symptômes maniaco-dépressifs ou cyclothymiques

[15] Janka Z. Orv Hetil.

Pszichiátriai Klinika. Hongrie

Psychopathologie due à une intoxication chronique au plomb (saturnisme) : débilitation débutante, stomatite avec perte de dents, douleurs abdominales récurrentes, anémie (avec un « teint de plomb"), neuropathie radiale, encéphalopathie saturnine avec crises d'épilepsie, altérations progressives du caractère et périodes de délire, de trouble mental

[16] González Luque FJ, Montejo González ALActas Luso Esp Neurol Psiquiatr Cienc Afines.

 

Espagne

Saturnisme

[17] Weissman E. J Med Biogr.

 

Department of Internal Medicine, University of Virginia, USA

 

Frontière entre psychose et épilepsie

[18] Lemke S, Lemke C. Nervenarzt.

 

Klinik für Psychiatrie und Neurologie Hans Berger, Friedrich-Schiller-Universität Jena. Allemagne

Epilepsie du lobe temporal avec des oscillations maniaques, humeur dépressive aggravée par l'absinthe, le brandy, la nicotine et de la térébenthine.

 

[19] Morrant JC. Can J Psychiatry.

Shaughnessy Hospital, Vancouver

Canada

Dépendance à l’absinthe (thuyone) : hallucinations, convulsions, sensations de désinhibition

[20] Arnold WN. Jama.

Department of Biochemistry, University of Kansas Medical Center, Kansas City 66103. USA

Psychose cycloïde

[2]Voskuil PH. Front Neurol Neurosci.

 

Hans Berger Clinic for Epilepsy, Oosterhout, Pays-Bas

  Le trouble bipolaire selon les critères DSM-IV

 D’après l’analyse de deux neurologues [21] en 2005, Bogousslavsky J (Neurologie, INSERM Unit 549) et Boller F (Neurologie et Psychiatrie, CHUV Centre Paul Broca, Lausanne, Suisse), il est fortement probable que Van Gogh souffrait de trouble bipolaire ayant causé sa mort par suicide selon les critères DSM-IV. Bien qu'aucun diagnostic définitif n’ait pu être déterminé, les deux auteurs se sont basés sur des preuves extrapolées à partir des échanges de courrier du célèbre artiste. En 2005, les deux neurologues ont rapporté les faits suivants.

Entre février 1886 et octobre 1888, lorsque Van Gogh vivait à Paris, ses lettres ont révélé tous les symptômes de la maladie bipolaire même s’il est difficile à reconstruire la durée exacte de la dépression et des phases maniaques.

Avant 1886, Van Gogh a présenté des épisodes dépressifs majeurs et mineurs alternant avec des phases hypomaniaques ou maniaques, souvent avec des cycles rapides. Les deux épisodes de dépression ont été suivis par des périodes prolongées d'énergie et d'enthousiasme, d'abord comme un évangéliste, puis en tant qu'artiste.

Un épisode dépressif de longue durée a eu lieu à Londres, après une déception amoureuse, quand il a été expulsé de l'église, et au moment de sa séparation d'avec Sien, une prostituée et son fils. Un épisode d’hypomanie durable ou des phases maniaques ont coïncidé avec ses débuts comme évangéliste, ainsi qu’à ses débuts d’artiste.

Au cours des années passées à Paris (1886-1888), il a abusé de l'alcool, consommé beaucoup d'absinthe. L'anxiété, l'irritabilité, l'hostilité, l'excentricité et divers symptômes somatiques se sont manifestés. A Arles (1888), il a connu l'angoisse, la mélancolie, le remords, l'insomnie et l'épuisement physique, à l’origine de son comportement insalubre. La veille de Noël en 1888, au cours de ce qui a été le premier épisode de sa crise psychotique (dont il est resté amnésique), il a coupé une partie de son oreille gauche. En mai 1889, après deux brèves crises psychotiques, il s’est volontairement inscrit à l'asile de Saint-Rémy. A Saint-Rémy, au cours de l'année suivante, il a vécu des épisodes dépressifs sévères et trois crises psychotiques, dont au moins deux étaient concomitantes avec ses visites temporaires à Arles. La dernière de ces crises, caractérisée par des délires religieux et paranoïaques, ainsi que des hallucinations auditives, a persisté pendant trois mois (février-avril 1890) et a laissé quelques souvenirs très vifs. Quittant l'asile en mai 1890 comme étant guéri, il s'installe à Auvers-sur-Oise. Là se sont manifestés des cycles rapides de symptômes maniaques et dépressifs. Le 27 Juillet, il se serait tiré une balle dans la poitrine et il est mort deux jours plus tard.

  La xanthopsie de Van Gogh

 Certaines hypothèses médicales ont laissé entendre que le goût de Van Gogh pour l'utilisation de la couleur jaune pourrait être lié à son addiction à l'absinthe. En effet, cet alcool contient la thuyone, substance neurotoxique qui, à fortes doses, peut causer la xanthopsie, un trouble de la vision amenant à voir les objets en jaune. Toutefois, une étude a mis en évidence qu'une consommation d'absinthe aurait entraîné le buveur dans l'inconscience en raison de la teneur en alcool avant qu’il ait pu ingérer suffisamment de thuyone pour souffrir de xanthopsie.

Une autre hypothèse suggère que le Dr Gachet aurait prescrit de la digitaline à Van Gogh pour traiter l'épilepsie, substance qui pourrait entraîner une vision teintée de jaune et des changements dans la perception de la couleur d'ensemble [5,9]. Cependant, il n'existe aucune preuve directe que Van Gogh ait consommé de la digitaline, même si Van Gogh a peint la toile «Portrait du Dr Gachet avec branche de digitale».

Il ne semble donc pas exister d’explication médicale en médecine allopathique pouvant expliquer pourquoi Van Gogh avait une forte prédilection pour la couleur jaune dans ses peintures. D’après l’analyse d’Arnold WL [6], cette attirance par le jaune ne pourrait être expliquée que par une question de goût personnel, fondé sur une sensibilité personnelle. Dans quelle mesure le concept "Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas" est-il justifié ? Nos inclinations naturelles dictent nos goûts. Mais dans quelle mesure nos inclinations naturelles pour certaines couleurs seraient-elles le reflet de nos « équilibres/déséquilibres énergétiques » selon la théorie des Cinq Eléments à un temps t donné ?

 Relation entre médecine occidentale et médecine chinoise

 Les Cinq Emotions et les Sept Sentiments

 

Les Cinq Emotions sont réparties sur les Cinq Eléments et sont considérées comme physiologiques quand elles ne se manifestent pas de façon excessive, répétée ou permanente. Elles correspondent à un mode d’adaptation aux aléas de la vie.

Les Sept Sentiments représentent le caractère pathologique des émotions. Aux Cinq Emotions sont ajoutées la tristesse (bei) associée aux Poumons et la frayeur (jing) associée au Cœur et aux Reins.

« Par suite de la séparation avec les parents, de la désespérance, de l’accumulation des soucis et de la concentration, de la rancune d’une part ; du chagrin, de la crainte, de la joie et de la colère, d’autre part, les Organes deviennent alors en état de vide et le Sang et l’Energie quittent leur emplacement naturel » (Suwen, 77).

« Au niveau du Cœur demeure le shen. Les exagérations de la crainte, l’inquiétude, la méditation ou le souci atteignent facilement le shen » (Lingshu, 8).

« La tristesse, l’affliction, les soucis nuisent au Cœur » (Nanjing, 49e difficulté).

Les sentiments en excès lèsent la circulation du qi, ce qui va léser le qi, le Sang, le yin, le yang et les Liquides organiques.

Chaque sentiment peut dérégler son Organe respectif en engendrant et aggravant une maladie et réciproquement, la pathologie d’un Organe peut être révélée par un dérèglement des Sentiments. Chaque sentiment en excès peur se transformer en Feu.

 

Les fonctions des Organes

Les trois Organes les plus touchés par les Sentiments sont le Cœur, le Foie et la Rate, entraînant les syndromes suivants :

-        vide de qi et de Sang blessant la Rate pour le qi, le Cœur et le Foie pour le Sang ;

-        échange entravé entre Cœur (Feu) et Reins (Eau) : mouvements verticaux du Feu et de l’Eau de l’axe shaoyin perturbés ;

-        Foie et Rate en dissonance.

 La Rate 

L’excès de réflexion (soucis, rumination mentale) blesse la Rate et noue le qi. Les fonctions de l’harmonisation-transport du qi, du Sang et des Liquides organiques et de la montée-descente du pur et de l’impur sont entravées. L’Humidité n’est plus éliminée et se transforme en mucosités qui montent au Cœur.

 Le Foie

Le Foie assure la mise en mouvement. La colère, l’énervement, l’irritabilité entravent la libre circulation du qi, provoquant une stagnation du qi du Foie, mucosités impures comprises. D’autre part, le Bois du Foie attaque la Terre de la Rate.

 

Le Cœur

Comme le Cœur n’est plus nourri par le Sang, l’impur stagne, affaiblit le Cœur et le shen, et ferme les orifices, ce qui ralentit le psychisme et provoque les troubles mentaux.

Dans les conditions physiologiques normales, la joie détend et fait circuler le qi et le Sang, procurant une sensation de légèreté, de bien-être et de bonheur. Il s’agit de la joie interne, spontanée, inhérente à l’individu, à différencier avec la joie liée à une cause externe qui peut désorganiser la conscience.

 Dépression et troubles psychiques en médecine chinoise

 -        Les excès et déséquilibres alimentaires, les soucis et pensées obsédantes, le surmenage, entraînent un Vide de qi de Rate (jaune). Celle-ci ne peut plus fabriquer le qi à partir des aliments (yingqi) ni transformer le qi en Sang. La transformation et le transport ne sont plus correctement pourvus, l’Humidité n’est plus chassée et s’installe. A la longue, celle-ci se transforme en Mucosités impures qui montent au Cœur et obstruent ses Orifices.

Le yingqi n’étant plus produit, il ne peut nourrir le Cœur (rouge) qui est la demeure du shen.

Le shenming (clarté de l’Esprit) est affaibli, ce qui provoque les troubles psychiques et engendre la dépression.

-        La dépression et les facteurs émotionnels engendrent une stagnation du qi du Foie (vert) qui envahit la Rate (jaune). Les facteurs psychiques aggravent le Vide du Cœur, ce qui provoque les troubles mentaux.

-        Le refoulement des émotions, la parole non exprimée entraîne une stagnation du qi du Foie qui attaque la Rate par le cycle de soumission. Au cours du temps, cette stagnation de qi peut se transformer en stase de Sang.

-        A cause de la stagnation du qi du Foie, les Mucosités provenant de la Rate s’accumulent dans le Cœur. Le shen est déplacé de sa demeure provoquant les troubles psychiques et la dépression. Si la stagnation du qi du Foie se prolonge, elle se transforme en Feu du Foie. Quand le qi du Foie monte à contre-courant au Cœur, il blesse le Cœur et le shen. Lorsque la stagnation du qi et l’atteinte du Cœur se prolongent, la Rate est touchée, entraînant le Vide de Cœur et de Rate : la Rate ne produit pas le Sang pour nourrir le Cœur qui est la demeure du shen, d’autant plus que les facteurs psychiques aggravent son Vide, ce qui aggrave les troubles mentaux.

Les symptômes de ces déséquilibres sont d’apparition progressive : signes de ralentissement psychique : mutisme, visage inexpressif, regard fixe (cf. Autoportraits de Van Gogh), léthargie, dépression, introversion, confusion mentale, intellect affaibli.

 

Analyse des peintures de Van Gogh

 Méthodologie

 Dans cette étude, les peintures de Van Gogh sont analysées selon une grille de lecture basée sur :

La correspondance entre :

- les couleurs et les Cinq Eléments,

- les couleurs et les Cinq Organes,

- les couleurs et Cinq Emotions et les Sept Sentiments (tableau II),

- les symptômes/diagnostics de Van Gogh selon la médecine occidentale et la physiopathologie en médecine chinoise (tableau III).

Une théorie en chromothérapie selon laquelle nous sommes instinctivement attirés par les couleurs qui nous permettraient de corriger un déséquilibre d’énergie pouvant engendrer des problèmes physiques, mentaux ou émotionnels [22].

 Tableau II. Correspondance entre les couleurs, les Cinq Eléments, les Organes, les Cinq Emotions et les Sept Sentiments.

 

Couleur

Elément

Organe

Cinq Emotions et Sept Sentiments

Vert

Bois

Foie

Colère – Enervement – Irritabilité – Irascibilité – Courroux – Fureur

Rouge

Feu

Cœur

Joie - Frayeur

Jaune

Terre

Rate

Souci- Rumination mentale – Contrariété – Préoccupations - Appréhension

Blanc

Métal

Poumons

Chagrin –Tristesse – Affliction

Noir

(Bleu)

Eau

Reins

Inquiétude – Peur - Crainte – Frayeur - Effroi - Panique

 

 Tableau III. Correspondance des troubles de Van Gogh selon la médecine allopathique et la médecine chinoise.

 

Symptômes selon la médecine allopathique

Déséquilibre énergétique selon la médecine chinoise

Halos colorés attribués au glaucome

Xanthopsie et cataracte

Xanthopsie due à intoxication digitalique

Dyschromatopsie acquise

Foie : Atteinte de   l’organe sensoriel visuel

Maladie de Ménière : vertiges et étourdissements épisodiques, déséquilibre physique, symptômes auditifs, acouphènes

Rein : atteinte de l’organe sensoriel auditif

Epilepsie

 

Rein : Vide du qi 

Foie/Vésicule biliaire : chaleur humide

Foie : montée de yang

Trouble bipolaire, symptômes maniaco-dépressifs ou cyclothymiques,

Psychose cycloïde

Psychopathologie due à une intoxication chronique au plomb (crises d'épilepsie, altérations progressives du caractère, périodes de délire, troubles mentaux)

Dépendance à l’absinthe (thuyone) : hallucinations, convulsions, sensations de désinhibition

Rein - Cœur : atteinte de l’axe shaoyin 

  

Symptomatologie de Van Gogh selon la médecine chinoise

 Les signes de dépression, stress, insomnie de Van Gogh peuvent correspondre aux syndromes suivants :

-        syndrome de yin vide, Feu florissant,

-        syndrome Vide de Cœur et de Rate : correspondant au vide de Sang,

-        syndrome Stagnation du qi de Foie et accumulation de mucosités.

La stagnation de qi se transforme en Feu, donnant les signes de Feu : irritabilité, colère facile, acouphènes.

Le Vide de yin du Cœur, conséquence de la Chaleur du Foie et du non-échange avec l’Eau des Reins pourrait être à l’origine des insomnies.

Le qi du Foie blesse le Cœur-Esprit, entraînant des signes de Cœur et de shen blessés : colère, insomnies, confusion mentale, hallucinations, illusions sensorielles.

Van Gogh présentait aussi des signes de Vide de Sang à la tête (acouphènes, vertiges) et de Vide de Sang du Cœur (insomnies).

Le yin déficient et le Feu en plénitude peuvent expliquer sa dépression.

Par ailleurs, on peut aussi noter des signes de Chaleur-Vide :

-        du Cœur (vide de yin) : insomnie, agitation anxieuse

-        du Foie (élévation du yang) : colère, vertiges

-        des Reins (vide de yin) : vertiges

La stagnation de qi et l’accumulation de mucosités sont à l’origine de :

-        signes de mucosités du Cœur : agitation mentale, insomnie ou sommeil perturbé.

-        signes de stagnation de qi du Foie : dépression, abattement, alternance de l’humeur.

En conclusion, les symptômes de Van Gogh pourraient correspondre à l’atteinte de   :

-        Rate et Reins : vide de yin ;

-        Foie : vide de Sang et montée du yang ;

-        Cœur : Plénitude de Feu suite au vide du Rein yin.

 Les couleurs utilisées par Van Gogh

 On peut noter une prédominance de jaune et de bleu, et en proportions moindres du vert dans les peintures de Van Gogh.

-        Le vide du yin de Rate pourrait être à l’origine de son attirance pour la couleur jaune (ex. : Les tournesols ; Epis de blé).

 

Epis de blé (juin 1890)                                                                                                                               
Huile sur toile 64,5 x 48.5 cm

Rijksmuseum, Amsterdam

 

 

Vase avec quinze tournesols (Arles, août 1888).

National Gallery, Londres, Angleterre

 

 -        Le vide de Sang du Foie pourrait expliquer une certaine prédominance de vert dans ses oeuvres (ex : Les bords de l’Oise à Auvers).

 

 

Les bords de l'Oise à Auvers (juillet 1890)
Huile sur toile 73,3 x 93,7 cm.
Detroit, The Detroit Institute of Arts

 

-        Le bleu prédomine dans de nombreuses œuvres de Van Gogh (ex : La nuit étoilée ; Branches fleuries d’amandier ; Champ de blé sous un ciel orageux).

 

La nuit étoilée (Cyprès et village) / (juin 1889)
Huile sur toile, 73.7 x 92.1 cm
New York, MOMA

 

La couleur bleue n’existe pas dans le tableau classique de correspondances des couleurs avec les Cinq Eléments. Selon le Feng Shui, le bleu est assimilé à l’élément Eau, donc à l’organe Rein. Ce qui pourrait expliquer la prédominance du bleu par le vide du yin des Reins.

Mais si l’on rapproche le bleu du vert en se référant à une certaine similitude d’écriture en chinois, l’attirance par la couleur bleue chez Van Gogh pourrait alors être assimilée au vide de Sang du Foie. 

-        La plénitude de Feu de Cœur (suite au vide du Rein yin) pourrait être l’explication de la quasi-absence de couleur rouge dans ses œuvres (exception : La vigne rouge ; Le café de nuit, place Lamartine, Arles).

 La vigne rouge (novembre 1888)
Huile sur toile, 75 x 93 cm
Moscou, Musée Pouchkine


Le Café de nuit (septembre 1888)

70 x 89 cm

Yale University Art Gallery, New Haven, Connecticut, USA

 Tableau IV. Correspondance entre les couleurs des œuvres de Van Gogh et les Cinq Eléments/Organes

 

Couleurs prédominantes

Organes /Elément

Peintures

Marron

Rate/Terre

Les mangeurs de pommes de terre (avril 1885)

Jaune

Rate/Terre

Tournesols dans un vase (août 1888);

Jaune/Marron & Bleu

 

Le semeur au coucher du soleil (juin 1888) ; Moissons en Provence (juin 1888) ; Terrasse du café le soir (septembre 1888) ; Chambre de Vincent à Arles (octobre 1888) ; Souvenir du jardin à Etten (novembre 1888) ; Iris (mai 1889) ; Portrait du docteur Gachet (juin 1890)

Vert & Bleu

Foie/Bois & Reins/Eau

Les bords de l’Oise à Auvers (juillet 1890) ; Champ de blé sous un ciel orageux (juillet 1890)

Bleu/Noir

Reins/Eau

La nuit étoilée (juin 1889) ;

Autoportrait à l’oreille bandée (1889) ; Autoportrait à Saint-Rémy (septembre 1889) ; Le semeur (1889) ; Branches fleuries d’amandier (février 1890) ; Route avec un cyprès et une étoile (1890)

 


Le semeur au coucher du soleil (novembre 1888)
Huile sur jute sur toile, 73,5 x 93
Zurich, Fondation collection E. G. Bührle

 


Les mangeurs de pommes de terre (avril 1885)
Huile sur toile, 82 x 114 cm
Amsterdam, Musée Vincent Van Gogh

 

 Autoportrait à Saint Remy (septembre 1889)
Huile sur toile, 65 x 54 cm
Paris, Musée d'Orsay

 

 

Branches fleuries d'amandier (février 1890)
Huile sur toile, 73,5 x 92 cm
Rijksmuseum, Amsterdam

 

Portrait du docteur Gachet (juin 1890)
Huile sur toile, 66 x 57 cm
Collection privée (Christie's New York, 1990)

 

Iris (mai 1889)
huile sur toile, 71 x 93 cm
Malibu, Paul Getty Museum

 


Champ de blé sous un ciel orageux (juillet 1890)
Huile sur toile 50 x 100,5 cm.
Amsterdam, Rijksmuseum Vincent Van Gogh

 

 Conclusion

 Il existe une concordance entre les divers diagnostics allopathiques attribués à Van Gogh et les déséquilibres énergétiques vus sous l’angle de syndromes physiopathologiques en médecine traditionnelle chinoise. La prédominance de jaune, vert et bleu dans l’ensemble de ses peintures pourrait être attribuée à ses troubles traduits en termes de déséquilibres énergétiques selon la médecine chinoise (tableau IV).

 

 

Dr Tuy Nga Brignol

Rédactrice en chef d'Acupuncture & Moxibustion

Rédactrice en chef de la revue « Les cahiers de myologie »

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 Conflit d’intérêts : aucun

 Références

 1- Naifeh S, Gregory White Smith, « Van Gogh : The Life”. Random House (New York), 2011.

2- Voskuil PH.. Van Gogh's disease in the light of his correspondence. Front Neurol Neurosci. 2013;31:116-25.

3- Michel FB, « Van Gogh, psychologie d’un génie incompris », Ed Odile Jacob, 2013.

4- Voskuil P. Diagnosing Vincent van Gogh, an expedition from the sources to the present "mer à boire". Epillpsy Behav. 2013;28(2):177-80.

5- Lanthony P, [Van Gogh's xanthopsia], Bull Soc Ophtalmol Fr. 1989 Oct;89(10):1133-4. 

6- Arnold WN, Loftus LS, Xanthopsia and van Gogh's yellow palette, Eye (Lond). 1991;5 ( Pt 5):503-10.

7- Lee TC, Van Gogh's vision. Digitalis intoxication? JAMA. 1981;245(7):727-9.

8- Elliott DB, Skaff A, Vision of the famous: the artist's eye, Ophthalmic Physiol Opt. 1993;13(1):82-90.

9- Lanthony P.  [Dyschromatopsias and pictorial art]. J Fr Ophthalmol. 1991;14(8-9):510-20.

10- Hart WM Jr. Acquired dyschromatopsias. Surv Ophthalmol. 1987;32(1):10-31.

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13- Meissner WW, The artist in the hospital: the van Gogh case, Bull Menninger Clin. 1994;58(3):283-306.

14- ter Borg M, Trenité DK. The cultural context of diagnosis: the case of Vincent van Gogh. Epilepsy Behav. 2012;25(3):431-9.

15- Janka Z, [Artistic creativity and bipolar mood disorder], Orv Hetil. 2004;145(33):1709-18.

16- González Luque FJ, Montejo González AL, [Implication of lead poisoning in psychopathology of Vincent van Gogh], Actas Luso Esp Neurol Psiquiatr Cienc Afines. 1997;25(5):309-26.

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22- Norris S – Chromothérapie – Série Découverte et Initiation – 224 p – The Ivy Press Limited 2001.

 

Nos remerciements au Ciné-Club de Caen (Partie Beaux-Arts) pour l’iconographie.

Visitez leur site : http://www.cineclubdecaen.com/peinture/materiel/grandspeintres.htm

 

 Brignol TN. Van Gogh : revue de littérature de ses diverses pathologies et essai d’analyse du déséquilibre énergétique à travers ses peintures. Acupuncture & Moxibustion. 2013;12(3) 

 

Hyperactivité et troubles de la concentration : de la théorie à la pratique

Pascal Clément

Résumé : L'enfant dit hyperactif est un enfant qui souffre d'un « trouble déficit de l'attention / hyperactivité » (TDAH), syndrome clinique qui associe trouble attentionnel, impulsivité et hyperactivité motrice. Ce trouble est hétérogène dans son expression et son étiologie, mais son retentissement scolaire et psychosocial peut être invalidant. Le trouble ne disparaît pas à l'adolescence et se poursuit à l'âge adulte, nécessitant ainsi un accompagnement prolongé. Son traitement est multimodal. Il repose sur la mise en place de mesures psychoéducatives, ré-éducatives et médicamenteuses. Dans ce contexte, nous nous appliquerons à présenter la lecture que fait la médecine traditionnelle chinoise (MTC) du TDAH et la place qu'elle peut trouver dans la prise en charge globale des patients, en particulier au travers des apports pratiques de l'acupuncture. Mots-clés : TDAH – hyperactivité – attention – enfants - acupuncture.

Summary: The so-called hyperactive child is a child who suffers from "Attention Deficit Hyperactivity Disorder" (ADHD), a clinical syndrome which associates difficulty staying focused and paying attention, impulsivity and motor hyperactivity. This disorder is heterogeneous in its expression and its etiology, but its repercussions at school and psychosocial impacts can be invalidating. The disorder does not disappear in adolescence and continues through adulthood, requiring an extended support. Therapy  includes a combination of treatments. It is based on various types of psychotherapy, education or training, and medication. In this context, we present the Traditional Chinese Medicine (TCM) view about ADHD and the TCM place in the global care of patients, in particular through the practical contributions of acupuncture. Keywords : ADHD – hyperactivity – attention - childs disease - acupuncture.

  

Définition et approche clinique

 

La notion d'hyperactivité de l'enfant n'est pas récente. Les conceptions théoriques opposent encore les partisans de l'hyperactivité « symptôme », ou « instabilité psychomotrice » et ceux qui défendent la notion d'un « syndrome » nommé, selon la classification américaine DSM « trouble déficit de l'attention / hyperactivité » (TDAH, ou ADHD en anglais), et selon la classification de l'OMS (CIM10) « syndrome hyperkinétique ».

La prévalence est estimée entre 3 % et 5 % de la population d'âge scolaire, avec une prédominance masculine mais il est probable que la prévalence soit sous-estimée chez les filles.

La forme du garçon d'âge scolaire est le tableau le plus caractéristique et c'est généralement lors de la scolarisation à l'école élémentaire que la situation apparaît la plus gênante. L'enfant souffre de difficultés précoces et durables dans trois domaines :

-      l'inattention (incluant l'éveil, la vigilance, la distractivité, l'attention soutenue),

-      l'impulsivité (motrice, verbale et mentale),

-      l'hyperactivité.

Ces manifestations sont inappropriées dans leur intensité, compte tenu de l'âge et du niveau de développement de l'enfant, et surviennent dans différentes situations qui nécessitent de l'attention, un contrôle de l'impulsivité et une restriction des mouvements. D'autres symptômes sont fréquemment associés, telle que la désobéissance et la difficulté à respecter les lois, la fluctuation du rendement avec une grande variabilité des résultats, l'autoritarisme et l'entêtement, la versatilité. C'est à partir de l'ensemble de ces symptômes que le diagnostic positif peut être posé. Il s'agit probablement d'un des diagnostics les plus difficiles à établir en psychiatrie et neuropsychiatrie [1].

 Histoire naturelle

 La symptomatologie a la particularité de se modifier dans son expression et son intensité en fonction de différents paramètres. En effet, l'enfant hyperactif n'a pas le même comportement dans toutes les situations et des fluctuations importantes peuvent au contraire être observées.

L'enfant est souvent plus obéissant et moins agité avec son père qu'avec sa mère (plus d'autorité chez le père versus plus d'affect chez la mère mais celle-ci est aussi le plus souvent en première ligne pour les événements de la vie familiale, les rendez-vous chez le médecin, les courses au supermarché, les tâches scolaires, etc. et assume globalement plus d'heures de présence auprès de l’enfant...).

Les enfants TDAH souffrent plus souvent de troubles d'acquisition de la coordination motrice, en particulier dans les tâches de motricité fine. Cela peut constituer une aide au diagnostic.

L'insertion sociale est difficile avec des perturbations des relations avec leurs pairs ce qui entraîne facilement des exclusions par les autres dans les jeux et les activités de groupe et augmente les difficultés à communiquer et à faire comprendre leurs intentions et leurs sentiments.

 

Étiologies et données d'imagerie

 

Elles sont multiples, impliquant des mécanismes :

-        génétiques (les formes familiales sont fréquentes),

-        neurobiologiques (liées à un problème de recapture de la dopamine par les synapses)

-        environnementaux (substances utilisées pendant la grossesse, problèmes obstétricaux ou périnataux, contextes sociaux, familiaux et psychologiques).

En imagerie structurale, les études morphométriques montrent des atteintes plus étendues que ce qui était attendu. Des diminutions du volume du cerveau (lobes, noyau caudé) et du cervelet ont été décrites. En comparaison avec des sujets contrôles, un retard de maturation corticale existe chez ces enfants, particulièrement dans le cortex préfrontal. Ce délai de maturation apparaît significatif.

En imagerie fonctionnelle, les travaux ont surtout étudié les tâches cognitives liées au contrôle de l'attention, à la mémoire de travail et à l'inhibition de réponse. Les sujets atteints de TDAH montrent des dysfonctionnements frontaux pour les tâches impliquant une inhibition de la réponse et temporo-pariétaux pour celles impliquant l'attention. On ne peut néanmoins pas se prononcer sur l'aspect primaire ou secondaire des anomalies décrites [1].

 

Évaluation et diagnostic

 

Le diagnostic est clinique et repose sur l'analyse de l'histoire des troubles, l'analyse sémiologique, l'étude des comorbidités et de l'environnement familial.

L'évaluation clinique sera complétée par des évaluations cognitives (neuropsychologues) et l’évaluation de l'efficience intellectuelle afin de vérifier le niveau normal de celle-ci mais aussi repérer une précocité associée ou au contraire une insuffisance qui a son propre retentissement sur les capacités attentionnelles d'un enfant.

Différents tests et échelles d'évaluations (échelles de Conners, Attention deficit and hyperactivity disorder rating scale) peuvent étayer le diagnostic mais ne remplacent pas le diagnostic clinique. Elles peuvent néanmoins aider à suivre l'évolution de la symptomatologie sous traitement.

  

Formes cliniques et variations selon le stade de développement [1]

 

On décrit trois formes cliniques (en fonction de l'intensité respective des trois ensembles symptomatiques)

-      forme mixte, la plus fréquente

-      forme à hyperactivité / impulsivité prédominante

-      forme attentionnelle avec peu ou pas d'hyperactivité motrice : enfant plus en retrait socialement avec moins de problèmes de conduite.

 

Hyperactivité chez le jeune enfant et l'enfant d'âge préscolaire 

Parfois repérable dès les premiers mois de vie. En raison de leur activité motrice excessive et de leurs difficultés à appréhender le danger, ils sont particulièrement exposés aux risques d'accidents domestiques. Ceux qui ont, outre les caractéristiques de l'hyperactivité, un comportement agressif et négatif ont le plus de risques de présenter des troubles persistants. Néanmoins l’influence des facteurs environnementaux est telle que rien n'est joué avant 5 ans.

 

Hyperactivité chez l'adolescent 

La persistance du trouble à l’adolescence est possible et réalise un tableau identique à celui de l'enfance. Néanmoins, l'hyperactivité diminue mais l'impulsivité et l'inattention demeurent stables, interférant avec les résultats scolaires et conduisant à des infractions aux règles familiales, scolaires ou sociales. Les difficultés d'adaptation dans le domaine scolaire, éducatif et interpersonnel sont importantes et contribuent à détériorer la relation parents/enfant et à aggraver la mésestime de soi de l'adolescent. On observe alors souvent des conduites à risque à la recherche de sensations et de nouveauté pouvant déboucher sur des conduites addictives ou des choix de vie marginaux.

 

Variations selon le sexe

Peu de différences sont mises en évidence dans le comportement des filles et des garçons hyperactifs. Ainsi les comportements semblent similaires chez les 6/11 ans en ce qui concerne l'impulsivité et l'inattention. Néanmoins, à symptomatologie équivalente, les consultations en pédopsychiatrie se font plus souvent pour les garçons que pour les filles.

 

Formes associées à d'autres comportements perturbateurs

On observe fréquemment un trouble oppositionnel avec provocation et un trouble des conduites qui sont directement influencés par l'environnement familial avec un risque d'évolution vers une personnalité antisociale et des abus de substances.

Les troubles de l'apprentissage doivent être systématiquement recherchés.

Les troubles anxio-dépressifs peuvent précéder, accompagner ou encore être la conséquence du TDAH par le biais de la mésestime de soi et du rejet des autres.

 

Autres comorbidités

Les tics chroniques, le syndrome de Gilles de la Tourette, l'énurésie et encoprésie.

Les troubles du sommeil sont fréquents.

 

Diagnostics différentiels

 

Le diagnostic est difficile en préscolaire et il n'est pas aisé de distinguer un TDAH d'un comportement turbulent chez un enfant vivant dans un environnement désorganisé.

Une symptomatologie de type trouble attentionnel avec impulsivité et hyperactivité peut s'observer chez les enfants souffrant de troubles envahissants du développement - TED (autisme) ou de retard mental. Il s'agit là de symptômes associés, mais il ne s'agit pas du TDAH « syndrome », qui exclut l'existence d'un autre trouble mental en diagnostic principal [1].

De même, il n'est pas toujours facile de faire la différence entre TDAH avec comorbidité associée et une autre pathologie psychiatrique avec trouble attentionnel associé...

L'épilepsie peut entraîner aussi des troubles attentionnels et comportementaux de même que certains médicaments (corticoïdes, bronchodilatateurs...).

  

Approche thérapeutique

 

Multidisciplinaire

Il est nécessaire d'associer différentes approches thérapeutiques chez l'enfant lui-même, mais aussi d'inclure des moyens d'actions au niveau de la famille et de l'école.

Le traitement pour un enfant donné doit être individualisé avec au minimum une guidance psychoéducative de l'enfant et de sa famille, et des aménagements scolaires.

Ensuite seulement, et selon les cas, on y associe une approche psychothérapeutique, une rééducation, un traitement médicamenteux.

 

Médicaments

Ils ne peuvent en aucun cas se substituer aux mesures éducatives indispensables et aux autres approches thérapeutiques rééducatives ou psychothérapeutiques.

Le méthylphénidate (Ritaline*, Concerta*, Quasym*) est un stimulant du système nerveux central qui augmenterait la concentration de la dopamine et de la noradrénaline dans la fente synaptique. L'efficacité clinique ne paraît pas corrélée aux taux plasmatiques, très variables d'un enfant à l'autre pour une même dose et donc sans intérêt pour la conduite pratique du traitement. Il s'agit d'un médicament qui figure dans le groupe des stupéfiants et qui a l'autorisation de mise sur le marché (AMM) en France sous le libellé « troubles déficitaire de l'attention avec hyperactivité chez l'enfant de plus de 6 ans sans limite supérieure d'âge ». Les effets spécifiques sont documentés (chez les répondeurs) dans les trois domaines : moteurs, sociaux et cognitifs. Les effets indésirables sont réputés peu importants et le médicament est souvent bien supporté néanmoins. La revue Prescrire [2,3] précise que le méthylphénidate n'est à utiliser que chez les enfants très gênés par un syndrome d'hyperactivité avec déficit de l'attention (et non pas pour des enfants simplement turbulents), en dernier recours en raison de la nature amphétaminique de cette molécule qui a une efficacité symptomatique à court terme (dans 75 % des cas) et beaucoup d'effets indésirables (allant jusqu'à la mort subite). De plus, la durée du traitement ne peut être annoncée au départ mais on estime qu'il est inutile de le poursuivre plus d'un mois en l'absence d'amélioration. Le retentissement sur la croissance a été évoqué mais semble lié eu TDAH lui même et non au traitement.

La supplémentation en fer semble être un appoint intéressant chez les enfants présentant un taux abaissé de ferritine.

 

L'alimentation

L'influence de l'alimentation a été confirmée par l'étude INCA en 2011 [4] où une restriction alimentaire majeure pendant 5 semaines semble améliorer 60 % du groupe d'enfants (4 à 8 ans) concernés, mais cela est inapplicable voire dangereux pour une utilisation prolongée. D'une manière générale, on conseille d'éviter le plus possible les aliments trop sucrés, le café, les colorants alimentaires et autres stimulants.

Une hypothèse a été émise quant à un rôle des colorants alimentaires dans l'exacerbation de comportements d'hyperactivité chez les enfants. Une étude clinique comparative en double aveugle, versus placebo, selon une méthodologie croisée, chez 297 enfants représentatifs de la population générale, a montré des scores d'hyperactivité supérieurs dans les périodes de prise de colorants alimentaires (sous forme de boissons à base de jus de fruits contenant ou non les addictifs). Une méta-analyse de 15 essais cliniques en double aveugle, qui ont évalué des colorants alimentaires chez des enfants déjà considérés comme hyperactifs, a montré une augmentation de leur hyperactivité. En pratique, même si le mécanisme de ce phénomène n'est pas élucidé, ces données incitent à éviter d'exposer les enfants aux colorants alimentaires [1].

La L-tyrosine, acide aminé précurseur du neurotransmetteur dopamine est présente en grande quantité dans la chair blanche, comme le poulet et le poisson et l'on peut encourager leur consommation.

 

Psychothérapies

Cognitivo-comportementales ou psychodynamiques, nous ne les décrirons pas ici.

 

Rééducations

En orthophonie liées aux troubles d'apprentissage et en psychomotricité pour traiter les troubles de la coordination.

 

Liens avec l'école

Sensibiliser les enseignants aux difficultés spécifiques aux troubles attentionnels et prévoir des aménagements tels que projet personnalisé de scolarisation avec le médecin scolaire voire reconnaissance du handicap auprès de la maison départementale des personnes handicapées.

  

L'hyperactivité en médecine chinoise

 

Il n'y a pas vraiment de termes en MTC pour traduire le TDAH et tout au plus peut-il être évoqué dans les textes classiques [5] :

« Un yang puissant renforce les jambes, permettant d'aller au plus haut ; un yang excessif conduit à un discours délirant, ou l'on maudit et sermonne l'entourage sans distinction ». (Questions simples, Huangdi Neijing, Suwen) ;

« Les enfants caractérisés par l'exubérance de Sang et de qi seraient inquiet et agités ». (Essais sur la pathogenèse et les manifestations de diverses maladies, Zhubingyuanhoulun ; 610) ;

« Silence puis logorrhée sans raison ou encore activités excessives désordonnés et sans jugement ». (Prescriptions valant milles pièces d'or, Qian Jin Fang, 652) ;

« L’enfant distrait qui commence toujours brillamment sa scolarité mais ne termine jamais, parlant toujours correctement mais oubliant sans arrêt ce dont il parle ». (La réalisation de la longévité en gardant la Source, Shoushibaoyuan, 1616)

 

Physiopathologie

 

L'hyperkinésie infantile se caractérise par une hyperactivité qui empêche l'enfant de se concentrer et de rester tranquille pendant une période de temps à laquelle on s'attendrait pour un enfant de cet âge. En raisonnant selon la MTC, elle peut être due à un trouble des fonctions du Cœur et du Foie. Le Cœur contrôle l'Esprit (shen) et les sentiments. Lorsque le yin du Cœur est insuffisant, la Feu, par insuffisance, flambe alors vers le haut. Le Cœur perd alors sa capacité à contrôler l'Esprit, l'agitation s'installe. Le Foie a pour fonction d'harmoniser et de régulariser la circulation du qi et du Sang. La nature du Foie appartient au Bois. Le Vent est la première caractéristique de la saison du printemps, qui appartient également au Bois. La nature du Vent est d'être en mouvement. Une insuffisance du yin du Foie provoque la transformation du yang du Foie en Vent interne, qui à son tour déclenche l'hyperactivité [6,7].

Les enfants ont également des organes délicats qui restent très fragiles aux agressions, alimentaires en particulier. Une consommation excessive de produits laitiers, aliments gras, graisses animales, sucre, fragilisent la Rate et conduisent à la formation de Glaires. Les Glaires peuvent obstruer l'Esprit. Elles constituent un facteur pathogène « lourd » et alors qu'au niveau physique elles provoquent une impression de lourdeur du corps, au niveau psychique et émotionnel, elles « pèsent » aussi sur la personne et aggravent les états dépressifs et la mésestime de soi. A un certain degré, les Glaires obstruant l'esprit peuvent engendrer de la confusion mentale qui peut aggraver l'apathie ou l'excitation, engendrant alors une agitation, une conduite maniaque, une insomnie lorsqu'elles s'associent avec de la Chaleur [8].

Une fois formées, les Glaires suivent le Sang et peuvent aggraver une insuffisance ou une stase de Sang de par la relation d'échange mutuel entre les Liquides Organiques et le Sang.

On lit dans les questions simples du Huangdi Neijing, Suwen « ce n'est que lorsque le yin est en paix et le yang rassemblé que l'Esprit et l'Essence sont en harmonie » or, l’Essence (jing) est considérée comme l'origine et la base du shen, le shen d'un être nouvellement conçu provient donc du jing prénatal de son père et de sa mère. Après la naissance, le jing prénatal est mis en réserve dans le Rein et assure la base du shen. Si l'on considère les organes touchés, le premier à l'être est le Rein, puisqu'il ne peut enraciner le jing adéquatement. Ainsi, la fonction de loger le zhi est affectée. Comme le jing est faible (hérédité, problème de la mère à la grossesse, qualité du jing du père), cela affecte le yin du Rein, qui ira de son côté troubler le yin du Foie (flottement du hun). Le Foie ne peut retenir le yang, qui monte à la tête et va aussi affecter le Cœur et le shen. Le yang du Foie en excès peut aussi aller agresser la Rate et sa fonction d'enraciner le yi, d’où les symptômes de manque de concentration et de difficultés d'apprentissage. De plus, si le jing est faible, le po décline (Poumon), le qi de disperse, et le hun flotte [9].

Enfin, si l'hyperactivité se manifeste dès la naissance, il est indispensable de rechercher également un mécanisme traumatique psychique lors de la grossesse de la mère. Cet aspect implique les merveilleux vaisseaux (yinweimai et yangqiaomai) [10]. 

 

Tableaux cliniques

 

On peut individualiser quatre tableaux cliniques [5,6,9], correspondants aux trois formes cliniques occidentales :

-      Chaleur dans le Cœur et le Foie : forme hyperactif/impulsif

-      Glaires Chaleur : forme hyperactif/impulsif

-      Vide du Cœur et de la Rate : forme attentionnelle prédominante

-     Vide du Foie et de la Rate : forme mixte

Le Vide des Reins constitutionnel pourra être envisagé dans les formes du jeune enfant préscolaire ou dans les formes vues tardivement.

Si la maladie est située dans le Cœur, les symptômes comprennent l'inattention, l'instabilité émotionnelle, rêverie, et dysphorie.

Si la maladie se trouve dans le Foie, les symptômes comprennent l'impulsivité, l'hyperkinésie, l'irritabilité et le manque de maîtrise de soi.

Si la maladie est située dans la Rate, les symptômes comprennent l'inattention et une mauvaise mémoire.

Si la maladie est située dans le Rein, les symptômes comprennent de mauvais résultats scolaires et de la mémoire, une énurésie, des douleurs, une petite taille et la faiblesse des genoux.

 

Les syndromes de plénitude se trouvent toujours à un stade précoce du TDAH, dominé par la Chaleur dans le Cœur et le Foie, les troubles internes de Glaires-Chaleur.

Les syndromes de vide se trouvent toujours dans la phase tardive du TDAH, dominés par le vide de yin de Foie et des Reins et le vide de Cœur et de la Rate.

Un TDAH ancien devra faire évoquer un vide profond et constitutionnel.

S'il y a un vide de yin, les symptômes comprennent l'inattention, la mauvaise maîtrise de soi, la labilité émotionnelle et la distraction. S'il y a un excès de yang, les symptômes comprennent
l'hyperactivité, la logorrhée, l'impulsivité et l'obstination, l'irritabilité.

  

Principes thérapeutiques et exemples de points [5,6,9]

 

-      Chaleur dans le Cœur et le Foie : clarifier le Cœur et apaiser le Foie, stabiliser l’Esprit. Shenmen (C7), taichong (F3), fengchi (VB20), xinshu (VE15), ganshu (VE18), shenshu (VE23), sishencong (EX-HN 1).

-      Glaires-Chaleur : disperser la Chaleur, apaiser le Cœur et dissoudre les Glaires. Dazhui (VG14), neiguan (MC6), fenglong (ES40).

-      Vide du Cœur et de la Rate : Nourrir le Cœur et Tonifier la Rate. Fengfu (VG16), fengchi (VB20), shangxing (VG23), jianshi (MC5), zusanli (ES36), taichong (F3), qihai (VC6), geshu (VE17).

-      Vide du Foie et de la Rate : Tonifier le Foie et Renforcer la rate. Shenmen (C7), shenting (VG24), baihui (VG20), houxi (IG3), zusanli (ES36), pishu (VE20), ganshu (VE18), taichong (F3).

Le cas échéant, soutenir yinweimai (zhubin RE9, neiguan MC6), yangqiaomai (fengfu VG16, shenmai VE62), et le vide de Rein (shenshu VE23, taixi RE3, jingmen VB25, guanyuan RM4).

En prévention, l'attention sera portée sur l'alimentation, en particulier pour modérer une consommation excessive de produits laitiers, aliments gras, graisses animales, sucre, et dans les cas intriqués qui ne sont pas rares, il faudra interroger les parents pour repérer les causes essentielles et traiter. En effet, l'acupuncture doit être utilisée en combinaison avec d'autres traitements, ce qui rejoint l'approche multimodale de la médecine occidentale.

 

Mise en pratique des théories 

 

Revue de la littérature

 

En 2011, Lee et coll. [11] publient une revue systématique de la littérature comprenant 114 études d'acupuncture, électroacupuncture (EA) et auriculothérapie associées au TDAH. Seules trois études répondent aux critères d'inclusion :

-     Une étude montre que l'électroacupuncture (EA) + traitement comportemental est supérieure à EA factice + traitement comportemental [12].

-  Deux études rapportent un bénéfice significatif de l'acupuncture ou l'acupuncture auriculaire par rapport aux traitements médicamenteux conventionnels [11,13].

Ces résultats encourageant corroborent notre expérience de terrain. Les auteurs concluent néanmoins que les preuves sont insuffisantes pour l'efficacité de l'acupuncture en tant que traitement symptomatique.

Dans le même temps, la revue Cochrane publie également ses conclusions en excluant l'EA et l'auriculothérapie mais ne retient aucune étude d'acupuncture, celle publiée par l'équipe de Lee étant biaisée par le fait que l'acupuncture n'est pas comparée au traitement de référence (méthylphénidate) mais à une autre molécule [14].

Ainsi, compte tenu du manque d'essais disponible, il n'est pas possible de tirer de conclusions concernant l'efficacité et l'innocuité de l'acupuncture dans le TDAH de l'enfant et de l'adolescent.

 

Discussion et relations avec la médecine occidentale

 

La composante génétique ou environnementale du TDAH trouve un écho en MTC avec les déficiences constitutionnelles du jing et l'implication des Merveilleux Vaisseaux.

La supplémentation en fer pouvant être un appoint intéressant chez les enfants présentant un taux abaissé de ferritine, peut correspondre aux interrelations permanentes entre Liquides Organiques et Sang.

 

Les expériences de restrictions alimentaires majeures, améliorant la symptomatologie, peuvent renvoyer aux conseils diététiques destinés à éviter la formation de Glaires.

Enfin, à partir d'études d'imagerie, il existe des preuves solides que l'acupuncture a un effet considérable sur le système limbique, site de projection dopaminergique qui participe au contrôle des processus motivationnels et de récompense... Les études à ce sujet semblent montrer qu'il s'agit plutôt d'un effet général de l'acupuncture plus que spécifique, qui ne dépend pas forcement du site de l'aiguille mais plutôt d'une combinaison de facteurs incluant le stimulus et à un certains degré les convictions et les attentes du patient... Cela peut expliquer les difficultés à reproduire et mesurer dans des études standardisées les effets positifs que nous constatons dans nos cabinets [15,16].

 

Conclusion

 

La médecine traditionnelle chinoise nous permet d'appréhender ce trouble complexe, au diagnostic difficile, avec un point de vue nouveau, complémentaire et prometteur, que ce soit dans l'approche diagnostique nécessairement globale et qui constitue déjà l'essence de notre pratique, que dans la stratégie thérapeutique proposée, incluant conseils nutritionnels et acupuncture et s'intégrant particulièrement bien à la prise en charge multimodale recommandée en médecine occidentale. Plus que jamais, le raisonnement rigoureux du médecin et l'analyse des données de la littérature scientifique doivent nous conduire, à mettre en pratique nos théories et les confronter à nos pairs, médecins occidentaux ou acupuncteurs, en soignant nos études pour le souci commun que nous avons de la santé de nos patients et aboutir à une véritable pratique médicale intégrative.

 


 

Références

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4. Pelsser LM, Buitelaar JK. Effects of a restricted elimination diet on the behaviour of children with attention-deficit hyperactivity disorder (INCA study): a randomised controlled trial. Lancet 2011;377: 494-503.

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11. Lee MS. Acupuncture for treating attention deficit hyperactivity disorder: A systematic review and meta-analysis in Chinese Journal of Integrative Medicine. 2011;17(4 ) : 257-260.

12. Li SS, Yu B, Yan B, Kang L, Jiang SH, Li W, et al. Randomized- controlled study of treating attention deficit hyperactivity disorder of preschool children with combined electro-acupuncture and behavior therapy. Chin Archi Tradit Chin Med (Chin) 2009;27:1215–1218.

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