Couverture 17-2

Invitation au voyage

 

 

Je vous invite au voyage, hors des sentiers battus comme le dit dans son article Patrick Sautreuil, afin de découvrir l’acupuncture et la médecine chinoise du Yunnan, cette province du sud-ouest de la Chine peuplée de vingt-cinq ethnies. Vous découvrirez ainsi la minorité des Bai et leur impressionnante pharmacopée, mais aussi la moxibustion, le taijiquan tous deux imprégnés de la philosophie taoïste. L’autre découverte à laquelle je vous convie est celle de Délos, une minuscule île grecque des Cyclades, à proximité de Mykonos. Henning Strøm vous révèlera des similitudes entre métaphysique grecque et chinoise. Cet ilot rocheux de 3,5km² a connu son apogée au VIe siècle AEC. C’était un important centre commercial dont on voit d’ailleurs sur la photo supérieure les ruines d’un bâtiment daté de l’époque classique (Ve - IVe siècles AEC) [[1]]. En dessous, admirez la célèbre terrasse aux lions au style si particulier avec un corps maigre, très allongé associé à une petite tête (VIIIe siècle AEC) et le théâtre construit entre la fin du IVe et le troisième quart du IIIe siècle AEC [[2]]. Mais le plus édifiant est ce petit relief du dieu Hermès et de sa demi-sœur Athéna daté du IIe EC. Hermès est une des divinités de l'Olympe, messager des dieux, dieu des voyageurs, du commerce, des professions qui s'occupent de la communication comme les imprimeurs, le gardien des routes et des carrefours, dieu des voleurs, puis dieu accompagnateur des âmes des morts aux Enfers. Son équivalent latin est Mercure. Le caducée d'Hermès est un de ses attributs ; il est représenté comme une baguette de laurier ou d'olivier surmontée de deux ailes que l’on ne discerne pas ici et entourée de deux serpents. Ceux-ci, dressés et entrelacés, signifient l’union du ciel et de la terre et l’éveil de la conscience cosmique. Ce n’est pas un symbole médical. Le lien entre Hermès, son caducée et la médecine semble être né de son rapport avec l'alchimie. Les deux serpents représenteraient les principes antagonistes (soufre/mercure, humide/sec, chaud/froid…), comme le yin-yang en médecine chinoise, qui doivent s’unifier dans l’or unitaire de la tige. Et malgré le fait que le bâton à serpent unique d'Asclépios soit le véritable symbole de la médecine, de nombreux groupes médicaux ont adopté le caducée d’Hermès comme symbole médical aux XIXe et XXe siècles. Ainsi, le département médical de l'armée des États-Unis en 1902 [[3],[4]]. Aux côtés d’Hermès, se tient Athéna, déesse de la Raison, de la Prudence, de la stratégie militaire et de la Sagesse.

Il est possible de poursuivre votre voyage en allant à nouveau en Chine, à Shanghai plus précisément et aborder les soins esthétiques ou cosmétologie, discipline qui traite aussi les problèmes dermatologiques comme l’acné, l’eczéma, le psoriasis, etc. Toujours en Chine, voyez, grâce à Johan Nguyen, comment en 1929, une tentative avortée « d’abolition » de la médecine chinoise ressemble étrangement à ce que l’on vit en ce moment en France, mais aussi en Espagne, à savoir la polémique contre les « fake-medicine » qui tend à discréditer l’acupuncture [[5]]. En lisant les brèves, ces polémiqueurs auraient pu constater les nombreuses études (ECR, méta-analyses) positives ou même découvrir l’étude d’Anne-Gaëlle Curreaux et coll. objectivant l’intérêt de l’impact de la puncture des points GI4 hegu et RM3 zhongji sur le poids des pertes sanguines lors d’un accouchement par voie basse.

Enfin et pour achever votre périple, explorez l’acupuncture balancée de Benoît Bataille, l’approche globale dans la clinique médicale chinoise de Jean-Marc Eyssalet, l’auriculomédecine et le Réflexe Auriculo-Cardiaque (RAC) de Pilar Margarit Bellver, les considérations énergétiques et climatiques sur l’année Terre – Cochon de Truong Tan Trung,  le gubi  de Robert Hawawini ou enfin par Alain Destribats le zhubin, un pont entre deux mondes qui clôt ainsi votre voyage.

 

Jean-Marc Stéphan

 

[1]. Karvonis K. Les installations commerciales dans la ville de Délos à l’époque hellénistique, BCH 132, 2008, p. 153-219.

[2]. Frank Sear, Roman theatres : An architectural study, Oxford University Press, 2006, 609 p. 12

[3]. Gourdol JY. Caducées et Serpent d'Asklépios.[Consulté le 09/12/18]. Disponible à l'URL: http://medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/divers_institutions/caducee.htm.

[4]. Blayney K.The Caduceus vs the Staff of Asclepius.[Consulté le 09/12/18]. Disponible à l'URL: http://drblayney.com/Asclepius.html

[5]. https://fakemedecine.blogspot.com/2018/01/fakedex-acupuncture.html

 

Couverture 17-1

Naissance

 

Il sera beaucoup question de naissance dans ce numéro, car nombreux sont les articles consacrés à l’obstétrique et à la préservation d’une grossesse à mener à terme pour aboutir au miracle de la Vie. Intérêt de la pratique de l’acupuncture sur la maturation cervicale à terme dépassé, prévention de la pré-éclampsie, moxibustion en obstétrique où entre autres sujets sera abordée la moxibustion dans les versions des présentations du siège qui permet ainsi d’éviter souvent les césariennes.

Et en parcourant les autres articles, peut-être serez-vous surpris d’apprendre que le kunlun 昆仑 (60V) facilite l’expulsion pendant l’accouchement et que certains auteurs le contre-indiquent avant le terme parce que sa puncture provoquerait des contractions utérines et faciliterait donc les fausses couches.

Et la médecine coréenne n’est pas en reste car en 2000 ont été mises en place dans le système des spécialistes de médecine coréenne (KM), huit spécialités dont la gynécologie KM (韓方婦人科) et la pédiatrie KM (韓方小兒科).

La médecine traditionnelle coréenne a subi les aléas de l’Histoire pour finir par s’imposer définitivement en 1951 par la loi sur le service médical national (MSA, Gukmin Uiryobeop, 國民醫療法) qui reconnaissait les praticiens traditionnels en tant que médecins. En Chine, Johan Nguyen vous expliquera pourquoi en 1822, il y a eu instrumentalisation de l’Histoire pour que l’acupuncture soit interdite par l'empereur Daoguang. On en subit encore les conséquences qui selon les « trois discours New Age, sceptique et anthropologique post-moderne » engendrent « l’idéalisation à la dépréciation systématique de la médecine chinoise ».

Dépression mélancolique, acouphènes, syndromes méniériformes, entorse aiguë de la cheville, maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson, syndrome ménopausique post-chimiothérapique, diabète non insulino-dépendant, canal lombaire étroit, dysménorhée, sans oublier deux essais concernant l’usage physiologique de nos méridiens, l’interprétation de la tonification et de la dispersion et un reportage sur le 5e Forum International des Études Occidentales sur la Médecine Chinoise dans le Yunnan en Chine font de ce premier numéro de l’année 2018 un passionnant inventaire à la Prévert de ce que l’acupuncture et techniques associées peuvent apporter à l’être humain, de la naissance à la mort.  

 

 

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