D) psychiatrie
1/ Rythme
circadien
*
L'insomnie
L'heure d'endormissement est
régulée par le rythme circadien de la température corporelle. Ce sont les
expériences d'isolement temporel (101,102,3) qui ont permis de montrer ces liens
étroits. Ainsi, les horaires les plus propices à l'endormissement correspondent
à la 3ème ou 8ème heure avant le
minimum thermique. En règle générale, le minimum thermique, étant entre 5 et 8
heures du matin, entraîne donc un endormissement physiologique vers 23 heures ou
3 heures du matin (105).
De ce fait, des horaires
d'activité irréguliers, tels le travail de nuit, le travail posté, ou même le
décalage horaire lié au franchissement des fuseaux horaires par avion vont
désynchroniser de façon notable les rythmes circadiens
(36).
En effet, en l'absence de repères temporels externes, l'alternance veille-sommeil maintient sa régularité mais la période du rythme s'allonge pour prendre une valeur de 25 heures environ. Les relations entre le sommeil et la courbe thermique se maintiennent, les deux rythmes demeurent synchronisés, bien que le début du sommeil se rapproche du minimum thermique et que le réveil spontané apparaît lors de la remontée de la température (10,101,102,3).
2/ Rythme
circannuel
* La dépression
saisonnière
Le syndrome dépressif
saisonnier réunit les caractéristiques habituelles des dépressions endogènes ou
mélancoliques, mais contrairement à celles-ci, il y a une augmentation de
l'appétit vis-à-vis essentiellement des hydrates de carbone avec prise de poids
et non une anorexie avec perte de poids; il y a une tendance à l'hypersomnie au
lieu de la classique insomnie; et surtout il y a une récidive rythmée par les
saisons avec un début au mois d'octobre et une fin au printemps en avril, en
passant par une acrophase en plein hiver (janvier)
(97,106,70).
Ces dépressions hivernales
sont très sensibles à la photothérapie sous une intensité de 2500 lux environ
(104, 105). L'exposition à la lumière intense inhibe la libération de mélatonine
par la glande pinéale (épiphyse) qui serait donc un autre oscillateur des
rythmes circadiens, au même titre que le noyau supra-chiasmatique (104,119).
Ceci permettrait de resynchroniser les rythmes circadiens, en particulier, celui
de la mélatonine, très perturbé par un effondrement de son taux plasmatique
(97,105).
Tout récemment, deux études
canadiennes du Dr Lam ont décelé des anomalies oculaires chez les patients
atteints de dépression saisonnière, en particulier une diminution de la
sensibilité rétinienne à la lumière (19,66). Cela pourrait expliquer la
rythmicité hivernale de cette affection qui culmine en hiver lors des journées à
ensoleillement court.
* Dépressions
estivales
Wehr, Rosenthal, Sack ont décrit un tableau à l'inverse de celui de la dépression saisonnière hivernale, marqué cette fois-ci par une dépression estivale associée à une manie ou une hypomanie hivernales. Ce tableau pourrait être corrélé par le nombre de dépressions endogènes et de suicides à la fin du printemps. Le traitement repose sur l'application de froid (116).
* Dépressions
endogènes
Elles correspondent
essentiellement aux psychoses maniaco-dépressives. L'incidence du déclenchement
des épisodes est culminante au printemps et en automne. Ceci est une donnée
classique qui a été vérifiée statistiquement (4,105). D'autre part, les études
épidémiologiques portant sur les variations saisonnières des suicides montrent
que les taux sont plus élevés au printemps et en automne, avec une bathyphase
hivernale (3,104). Ces périodes, printemps et automne, coïncident avec les
équinoxes. Ce sont les périodes des plus grandes variations de la longueur du
jour qui entraîneraient une désynchronisation des rythmes circadiens
(4,104).
Une étude de Maes, parue
dans l'American journal of psychiatry de septembre 1993, réalisée sur les
registres officiels de Bruxelles concernant près de 20000 suicides survenus
pendant la période de janvier 79 à décembre 1987, montre également une fréquence
accrue au printemps et en été, en fonction de l'âge et de la violence de l'acte.
L'acrophase, tous critères confondus, est cependant située en avril-mai, la
bathyphase en décembre janvier (31).