E) Allergologie
1/ Rythmes circadiens
*
Asthme
La majorité des crises
d'asthme se produit habituellement pendant la nuit ou le matin. Elles sont
observées à 75 % entre 2 heures et 7 heures du matin, avec une acrophase des
dyspnées vers 4 heures (6,94).
Les conséquences les plus
graves de l'asthme sont l'arrêt cardiaque et la mort. Douglas a montré que 43 %
des cas de décès sont survenus entre minuit et 8 heures du matin
(29).
Le mécanisme de l'asthme
nocturne est expliqué par le développement d'un processus inflammatoire dans les
voies respiratoires, cause d'une obstruction aiguë et immédiate. Par ailleurs,
l'exposition à un ou des allergènes pendant le jour peut produire l'exacerbation
des crises quelques heures après, c'est la phase retardée de l'asthme
(21,27).
D'autre part, il existe des variations circadiennes endogènes du cortisol, de l'histamine, et de l'activité du système nerveux autonome. Ainsi, il est intéressant de constater que c'est au milieu de la nuit entre minuit et 4 heures que les concentrations plasmatiques de cortisol et d'adrénaline sont les plus faibles alors qu'au même moment, on a une acrophase de l'histamine plasmatique (6,7). A la même heure, le débit expiratoire de pointe est aussi au minimum, signe précurseur d'une éventuelle crise asthmatique mortelle (53,9).
* Rhinites
allergiques
Une acrophase à 6 heures du
matin a été retrouvée dans les rhinites allergiques concernant les symptômes
suivants: éternuements, obstruction nasale, rhinorrhée (p<O,OOOl). Par
contre, pas de rythme circadien concernant l'irritation conjonctivale, la
dyspnée ou la toux résultante (90).
Une étude précédente,
concernant 246 "rhumes des foins" avait également découvert une prévalence
matinale (84).
Le mécanisme physiopathologique est tout à fait comparable à celui de l'asthme nocturne: réactions spécifiques aux allergènes et à l'histamine, sécrétion des catécholamines, etc. (90).
2/ Rythme
circannuel
*
Asthme
Selon une
enquête épidémiologique en Grande-Bretagne, les décès par crise asthmatique sont
plus fréquents de mai à octobre, avec une acrophase en été
(61).
Cette périodicité
saisonnière a été récemment confirmée par une étude américaine (117), mais
uniquement pour la tranche d'âge de 5 à 34 ans, avec une acrophase en juillet.
Par contre, chez des sujets âgés de 65 ans et plus, c'est l'hiver, entre janvier
et mars, que se situe l'acrophase. Entre 35 et 64 ans, il n'y a pas de
variations saisonnières nettes. Les auteurs expliquent que l'acrophase en hiver
chez les sujets âgés serait due à un excès de diagnostic chez des patients
décédés en réalité d'une autre maladie respiratoire ou d'une affection cardiaque
(117).
Toujours selon les mêmes
auteurs, l'hospitalisation pour crise asthmatique s'observe au maximum en
automne (de septembre à novembre) chez des sujets entre 5 et 34 ans, en hiver
(de janvier à mars) chez les sujets de 35 à 64 ans et plus. Il n'y a pas de
parallélisme entre hospitalisation et décès chez les 5-34 ans, du fait
semble-t-il, que pendant la période des vacances d'été (acrophase des décès), le
diagnostic est porté plus tardivement, associé à un traitement lui-même bien
souvent retardé (acrophase en automne des hospitalisations)
(117).
* Rhinites allergiques
Les allergies polliniques
ont un pic à la fin du printemps et au début de l'été en mai et juin (18). Ceci
est confirmé par le pic annuel de vente des anti-histaminiques, telle
méquitazine (90).
Une étude épidémiologique
concernant 765 patients a montré une acrophase au début du printemps (mars et
avril), en ce qui concerne les éternuements et en janvier et février pour les
rhinorrhées et les obstructions nasales, bref un pic annuel de janvier à avril,
statistiquement significatif (p<0,005). A noter que l'intensité de symptômes
est au plus bas de septembre à octobre (90). Selon les auteurs, cette acrophase
de janvier à avril, plus précoce que prévu, (c'est à dire mai, juin) s'explique
par le fait que leur échantillon étudié n'offre que 25 % de patients allergiques
aux pollens de graminées alors qu'il y a 53 % d'allergiques aux poussières de
maisons et le reste (13 %) est sensible aux autres pollens. Or seuls les pollens
de graminées offrent une acrophase de l'allergie en mai et juin. Par ailleurs,
une autre théorie fait intervenir certains facteurs
endogènes:
l'acrophase des catécholamines en décembre et celle des immunoglobulines E sériques spécifiques de septembre à novembre chez les patients atopiques.