LE TAI YANG ET 
LA DOULEUR, INTERFACES MULTIPLES 
Docteurs 
Sophie Houssemand, Sylviane Ogier* 
Résumé : Face aux aspects multifactoriels de la douleur, le Tai Yang présente un modèle de réponse thérapeutique pluridimensionnel parce qu'il est une interface. Ses différentes missions de protection, de répartition, d'information, et de communication permettent actuellement de le considérer, en référence aux textes anciens, comme un dispositif régulateur ubiquitaire que l'on se propose de nommer fonction. Ce travail sur le Tai Yang expose comment, face à une douleur, le médecin acupuncteur dépasse le signal loco-régional pour atteindre l'homme souffrant dans sa globalité.
Mots 
clés : Tai Yang, douleur, interface, 
fonction, globalité. 
Abstract : Confronted by the differing aspects of pain, Tai Yang offers as a possible solution a paradigm of therapy in multidimensional form because it is an interface. Its different roles of protection, of diffusing information and of communication enable us at the present time, when referring to the ancient texts, to consider it as an overall regulating system that we could call function. This study of Tai Yang shows how the medical acupuncturist when confronted by pain, looks further than the localised signal so as to arrive at the individal suffering in his intirety.
Key 
words :    Tai Yang, pain, interface, 
function, entirety.
 * Étude 
réalisée pour le 3ème Congrès national d'Acupuncture de la FAFORMEC à Paris les 
10-11/12/99 
(Fédération des Acupuncteurs pour leur Formation Médicale Continue). 
ASLMARRA : 
Amicale St Luc des Médecins Acupuncteurs de la Région 
Rhône-Alpes
 
La présente communication nous conduit 
tout d'abord à définir la notion de DOULEUR. Au XVIIème siècle, DESCARTES 
écrivait "La douleur n'est ni plus, ni moins qu'un système d'alarme dont la 
seule fonction est de signaler une lésion corporelle". Pour le  Petit Larousse, la douleur est décrite 
comme "une sensation pénible, désagréable ressentie dans une partie du corps, 
mais ce peut être aussi un sentiment pénible, voire une souffrance 
morale".
La Pensée chinoise ne fait pas la 
distinction entre la matière et l'esprit. La douleur simple peut être le 
résultat d'un trouble de l'harmonie entre les énergies Yang et 
Yin.
Cet exposé est consacré au Tai Yang ; 
il est divisé en deux parties : Interfaces de l'Externe et Interfaces de 
l'Interne. Le choix du Tai Yang a été réalisé non pas dans le but de le 
réactualiser sous ses aspects Jing Mai, Jing Jin, Jing Luo, Jing Bie, mais 
plutôt de donner une vision globale de cette entité, en essayant de mettre 
l'accent sur l'aspect dynamique du Qi.
Le Su Wen ch 39 dit "pour bien 
parler des théories anciennes, il faut les rapprocher des 
actuelles".
Le Tai Yang, dans son expression 
pathologique aiguë ou chronique, représente tout de même l'activité quotidienne 
de l'acupuncteur. Il illustre la partie superficielle, donc la partie visible et 
accessible de l'individu ; il est aussi facilement agressé puisque bien exposé, 
et devient souvent la première victime dès que la défense n'est plus assurée ; 
enfin, il peut être considéré comme un écran à double face qui peut recevoir, 
rejeter ou imprimer les messages plus profondément. 
I 
- INTERFACES DE L'EXTERNE (S. Ogier) 
1. 
Sur le plan morphologique
Toute idée de souffrance sous-tend sur 
le plan énergétique une interférence au courant incessant des vaisseaux Jing. Si 
on observe structurellement le Tai Yang en tant que Jing Mai, c'est le plus long 
de l'organisme (67 points pour V, 19 points pour IG), donc le plus étendu. Il 
est en fait la partie la plus superficielle du corps, se dessine comme un voile 
qui reçoit le ciel, rejoint la terre ; il régit également l'OUVERTURE du 
YANG.
Su Wen ch 6 : "Le Tai Yang est ouverture, il répand le souffle. Le Yang Ming est clôture, Le Shao Yang est charnière, il règle le débit".
Ce voile qui débute au Tai Yang 
supérieur (intestin grêle), nous conduit du point "petit marais" au point Ting 
Gong "palais de l'audition", puis rejoint le Jing Ming "clarté du ciel", 
d'où  naît le Tai Yang inférieur 
(vessie) qui s'achève au Zhi Yin "Yin extrême". Par son cheminement externe et son 
passage sur la tête et le cou, il est facilement exposé aux agents externes, le 
Han (froid) est celui qui fréquemment teste la perméabilité du voile. 
"Le froid change le Tai 
Yang" dit le Shang Han 
Lun, mais le vent lui aussi peut venir le seconder pour générer la 
pathologie.
Le Tai Yang, par ailleurs, contient les 
points shu assentiment ou d'hyperesthésie qui répondent à la douleur. La 
symptomatologie des organes est censée s'accumuler sur les points assentiments 
dorsaux correspondant aux organes (Ling Shu ch 33). Le Da Zhu (11 V) "grande navette" 
correspond à la première vertèbre dorsale comparée elle aussi à une navette 
conçue pour la liaison et la transmission. 
2. 
Sur le plan fonctionnel
Le Yang fort régit et assure la 
protection communication (Planche 1) 
- protection externe par rapport au Tai Yin.
"Le Tai Yang, contrôle l'externe, le Tai Yin contrôle l'interne". Ling Shu ch IV. Le Tai Yang, c'est l'homme vis-à-vis de l'externe, le Tai Yin, c'est l'homme vis-à-vis de l'interne (peau, muqueuses). Il commande la circulation de l'énergie wei. Ce wei défensif, trop fluide pour être dans les vaisseaux, sous-tend ce voile en remplissant les interstices de la trame. Le wei passe dans les vallées intermusculaires dénommées Xi et Gu, "grands confluents dans les chairs" ch 58 Su Wen.
- 
protection externe par opposition à la pénétration du 
Xie
C'est "la grille d'ouverture", dit le Ling Shu ch 5. La grille d'ouverture est plus ou moins ouverte aux agresseurs avec permission d'entrée en plus ou moins grand nombre des Xie. Mais la pénétration des Xie ne se fera qu'en référence à l'insuffisance d'énergie vitale et la plénitude d'énergie perverse (Ling Shu ch 66). Le conflit engendrera une douleur de différents types : horripilation, douleur musculaire..
Le Su Wen précise 
:
* ch 63 : le Xie s'installe dans 
l'épiderme, faute d'en être chassé, il entre dans les ramifications vasculaires, 
puis dans les vaisseaux de liaison, puis dans les méridiens, parcourt les 
viscères..
* ch 56 : le Yang du Tai Yang se nomme 
Guan Shu (centre régulateur). Tout réseau apparaissant sur son territoire est 
une liaison du Tai Yang qui déverse le trop plein de Xie dans le méridien ; le 
Xie prend asile dans le viscère creux (exemple cystite).
* Ch 42 : le vent peut pénétrer le Tai 
Yang et passer tous les Yu de la vessie, se répandant dans les chairs : il s'en 
prend au wei défensif qui tuméfie les chairs. 
3. 
Mais comment naît la douleur ?
Le Qi circule ; lorsque le froid 
pénètre à l'intérieur du méridien, il ralentit le Qi, puis le bloque dans sa 
circulation, ce qui provoque une douleur aiguë. Le froid logé à l'extérieur des 
vaisseaux les rétracte et cause une douleur brutale. La douleur subsiste en fonction de la 
répétition des refroidissements. Le froid logé à l'intérieur affronté à la 
chaleur donnera une douleur avec pression intolérable par désorganisation du Qi 
et du sang (Su Wen ch 39). 
4. 
Sur le plan clinique
Me X, de constitution Tai Yin, aux 
antécédents de rhinites chroniques, colites spasmodiques, douleurs arthritiques 
et insomnie avait consulté l'an passé pour un tableau dépressif avec "crise de 
panique", bien stabilisée après les séances d'acupuncture. En août, au retour de vacances en 
Bretagne, elle décrit :
* une apparition de douleurs erratiques : cervicalgie, algie du pied gauche (méridien vessie),
* une recrudescence de douleurs 
arthritiques suite à un bain froid, accompagnée de signes digestifs à type de 
nausée. Le pouls est 
faible et profond. Le wei 
défensif ne protège plus la partie biao externe du corps, favorisant la 
pénétration du Xie
* le vent (fong) explique les douleurs 
erratiques,
* le froid humidité induit plutôt les douleurs fixes.
Les signes digestifs : c'est le début 
de pénétration des Xie. Le vent atteint le Yin profond, le Yin ne peut pas 
monter le Yang est bloqué en haut. Le diaphragme se bloque, expliquant la nausée 
(syndrome "Ni").
Par sa morphologie Tai Yin, cette femme 
a tendance à immobiliser son  Yin 
interne. Le Tai Yang barrière de  
défense, ne protège plus le Tai Yin ; le Yang est faible, il reste à 
l'intérieur. Il y a rupture de communication entre Tai Yin et Tai Yang. 
Les antécédents mentaux 
renvoient à la fonction Shao Yin et ses instances psychiques. Ceci nous 
conduit  à la deuxième partie de 
l'exposé. 
II 
- INTERFACES DE L'INTERNE (S. Houssemand)
Pour démentir Descartes, réhabilitons 
Aristote et Platon  qui eurent une 
approche rationnelle de la douleur en la considérant non pas comme une sensation 
(au même titre que celle provoquée par la vue, l'ouïe, le toucher..), mais comme 
une émotion qui devait, à l'instar de son opposé le plaisir, être perçue par un 
organe maître : le coeur (11). Bien plus tard, en 1979, la définition 
de Merksey ralliait les deux phénomènes : "la douleur est une expérience 
sensorielle et émotionnelle liée à une lésion tissulaire existante ou 
potentielle".
Pour la Chine, la conception culturelle 
de la douleur provoque rarement une expression directe par des pleurs ou des 
cris. La souffrance est davantage endurée avec fatalisme. Dans les textes 
anciens, c'est une notion vite occultée ; on évoque la douleur, mais on décrit 
longuement le processus d'atteinte par le Xie (ex SW 39) (1). Le Tai Yang, "Yang maximum" (SW 75) 
présente donc comme on l'a vu une structure riche et plastique, illustrant bien 
la complexité du mécanisme de propagation d'une douleur allant de l'extérieur 
vers l'intérieur, de la périphérie vers la profondeur, de l'enveloppe vers le 
cerveau. La profondeur du 
Tai Yang c'est (encore) le jeu d'interfaces constantes avec les trois aspects 
que nous allons aborder :  les 
organes (cœur et rein), le cerveau et les organes sensoriels, et la 
représentation ciel-terre-homme. 
1. 
Biao/Li et mission d'information
Éphémère ou persistante, une douleur, 
quand elle est profonde, est une maladie dans la maladie. La pathologie du Tai 
Yang dans la profondeur provoque la souffrance des viscères IG et V et peut donc 
atteindre leurs organes C et Rn. On sait qu'"il existe un rapport 
dehors-doublure (Biao/Li) entre Tai Yang et Shao Yin.." (SW 24) (1). Considérer 
la relation Biao/Li, c'est étudier l'interaction dans les deux sens 
:
• 
De l'extérieur : "Tai 
Yang (V) domine le Qi, il est le dehors, le Biao" (SW 33) (1). Au chapitre 63 du 
Su Wen (1) on découvre les étapes de pénétration du Xie allant de la peau aux 
viscères ; l'intégration du message douloureux vers l'intérieur se fraye 
différents passages, ce qui suppose un affaiblissement des fonctions de 
protection du Tai Yang. Car "le Xie pathogène ne peut seul 
léser le corps de l'homme" (LS 66) (2) et l'atteinte viscérale ne survient 
pas par hasard (8). Su Wen 24 (1) dit : "Si le corps est heureux et l'esprit 
accablé, la maladie naît dans les vaisseaux". La perte d'harmonie du milieu 
intérieur prédispose donc l'homme (de façon physique ou psychique) à l'agression 
douloureuse récidivante ce qui facilite la persistance ou la transformation de 
la douleur (initialement brève et brutale). 
• 
De l'intérieur : "Shao 
Yin est la doublure (le Li)" (SW 33) (1). A l'inverse, la souffrance muette de 
l'organe (Rn) peut émettre à la surface (Biao) des signaux douloureux visibles 
ou palpables prenant valeur d'indice. Car l'intrication avec la surface est 
permanente. Le Ling Shu nous révèle au chapitre 47 (2) : "Les reins sont en 
rapport avec le TR et la V, eux-mêmes en relation avec les jonctions entre la 
peau et les muscles". C'est pourquoi l'extériorisation d'un signal 
douloureux (tel qu'une contracture para vertébrale), peut être "la résultante 
d'une longue élaboration du processus pathogène interne", qui  provient d'un déséquilibre  Yin/Yang inapparent (8). Finalement, que ce soit en progressant 
du dehors au dedans, ou le contraire, sur un mode direct ou indirect, 
l'apparition d'une douleur dans le Tai Yang est à la fois indice et révélateur 
d'indice. Par sa relation Biao/Li avec Shao Yin, elle chemine entre l'extérieur 
et l'intérieur et se loge de façon significative, soit pour exprimer une 
souffrance, soit pour l'imprimer en profondeur.  (Planche 2) 
2. 
Douleur, psychisme et verticalité
Cerveau et psychisme sont en relation 
étroite avec le Tai Yang comme en témoigne le trajet céphalique du méridien (LS 
10) (2). Le Tai Yang "rassemble" et réunit le Yang à la tête. On lit : "Tous 
les Yang dépendent du Tai Yang dont le vaisseau est relié au point Feng Fu (16 
VG)" (SW 31) (1). Citons d'emblée les rapports essentiels entre Tai Yang et 
les méridiens curieux (Yin Qiao Mai, Yang Qiao Mai et Du Mai) dont il détient 
des points clés. À toute 
douleur  et à toute réponse 
neuro-végétative, s'ajoute une participation émotionnelle qui relie la sensation 
(j'ai mal) à la perception ou mise en mémoire (je souffre) (11). Quand le Tai 
Yang est source de frayeurs, de manifestations émotionnelles (colère, larmes), 
le Shao Yin est en cause. Qui dit Shao Yin parle de l'axe vital de l'homme 
représenté par les instances psychiques Zhi et Shen, avec son maillon central 
qui le fragilise : le Yi (7). Cette représentation relie la volonté, la pensée 
et l'esprit, et met le sujet à l'épreuve de sa conformité entre le ciel et la 
terre. On peut l'appeler 
"axe directionnel de l'homme" qui sous-tend la conscience et la connaissance 
(7).
En Occident, on considère que, quel que soit son niveau de perception, la conscience est une condition nécessaire pour ressentir une douleur. L'information est enregistrée en fonction de l'interprétation qu'on en a faite, soit inconsciemment, soit par rapport au contexte du moment. (Planche 3).
En MTC, le Shao Yin est le récepteur central de l'information douloureuse ; c'est lui qui engage le Shen, donc le vécu, l'assimilation des composantes affectives de l'histoire de l'individu. Le Su Wen aux chapitres 21 et 80 (1), nous rappelle combien il est nécessaire "d'observer le degré d'émotivité, l'état général et la susceptibilité de la peau pour connaître la nature du sujet et l'examiner selon les règles" ou plus loin, "le diagnostic est complet si on n'omet pas l'état affectif". Enfin, le Jia Yi Jing, en parle dès le chapitre 1er du livre I "le cœur est ce qui perçoit ; lorsque le cœur mémorise, l'idée apparaît" (5). (Planches 4 et 5).
Cette notion d'axe vertical est 
rapportée dès le SW 3 (1) au sujet du Tai Yang "Dans les maladies causées par 
le froid, l'esprit vacille comme autour d'un axe". Plus concret, LS 8 
explique : "le Zhi perturbé entraîne la perte de la joie et de la mémoire ; 
on ne peut plus ni fléchir ni redresser la colonne lombaire". (2). Par cet 
axe, l'homme est placé au centre d'un échange énergétique haut/bas qui fait la 
synthèse des composantes affectives et émotionnelles de toutes les 
manifestations. Car le psychisme est implanté dans les organes ; il réagit sur 
le physique et inversement. "Les échanges (entrées et sorties) et les 
mouvements (ascension et descente) sont l'objet de soins constants" nous 
livre le chap. 68 du Su Wen.. et en cas de pathologie, le Yin ne peut plus 
monter et le Yang ne peut plus descendre. Les trois Yin et les trois Yang sont 
bien des mouvements fondamentaux, beaucoup plus que de simples trajets 
canalaires. Leur évolution relative aux fonctions vitales, reflète la destinée 
du Yang de l'individu (7). 
3. 
Tai Yang et organes des sens
La définition de la douleur proposée 
par l'Association internationale pour l'étude de la douleur (IASP) qui dit, 
(Merksey 1979) "la douleur est une expérience sensorielle (…)", reste 
toujours actuelle. Mais la perception de la douleur, à la différence de ce qui 
se passe pour les organes sensoriels, ne fait pas intervenir de récepteurs 
spécialisés (6), alors que la perception sensorielle est individuelle et met en 
jeu le cortex cérébral.
Le trajet du Tai Yang encadre l'œil et 
l'oreille (LS 10) (2). Les orifices corporels sont les antennes des viscères, 
les  portes des esprits, car chaque 
orifice a sa fonction, chaque organe a son Shen. Ce qui atteint les yeux, 
retentit sur le foie, ce qui atteint les oreilles, retentit sur les reins. Dans 
le Nan Jing, la 40ème difficulté précise que l'orifice corporel des reins reçoit 
le son pour que l'oreille entende, quant au cœur, il aide à la reconnaissance 
des sensations (Š) pour participer à leur mémorisation. 
(3).
C'est bien un circuit significatif ; Yu 
Zhen (9 V), Jing Ming (1 V) et Zan Zhu (2 V) vont à l'œil, Ting Gong (19 IG), 
Luo Que ( 8 V) vont à l'oreille. La vue et l'ouïe dans la proximité immédiate du 
Tai Yang permettent à l'homme de se situer dans l'espace et 
de déterminer la posture. De ce fait, les organes des sens participent à la 
verticalité. Par ailleurs, 
le Tai Yang renforce également la stabilité par les "six lignes du dos qui 
servent de règle au corps humain", (SW 79) (1), où s'alignent les points 
shu-assentiment contenant l'énergie des organes tout le long du Du Mai (2). 
Donc, placé à la fois 
entre ciel et terre (en contact avec le Yang cosmique) et entre l'enveloppe et 
le centre (où il tisse un gigantesque réseau de connections) le Tai Yang peut 
apparaître comme un immense moyen de communication parce qu'il aide à 
l'acheminement du message douloureux, draine partout, filtre en fonction du 
rapport Yin/Yang et soutient la zone des organes sensoriels un peu comme une 
sonde plongée dans le milieu ambiant, pour influencer la statique et être 
solidaire des modifications du comportement.  (Planche 6).
L'ubiquité de situation et de fonction 
du Tai Yang fait de lui un ensemble d'interfaces multiples, liant entre eux des 
systèmes de détection et de réponse mis en jeu dans l'adaptation de l'organisme 
aux agressions de tout genre. On comprend donc comment, en fonction de 
l'équilibre énergie/sang du patient, le Tai Yang est plus qu'une enveloppe, plus 
qu'un circuit, plus qu'un émetteur-récepteur d'informations ; il "est le père", 
le "3ème Yang", là où "le 3ème Yin est la mère". Cette idée forte, qui est 
divulguée au 79ème chapitre du Su Wen (1) lui confère de surcroît des qualités 
ayant trait à l'organisation, à la prospection, à l'autorité.. autant de règles 
de fonctionnement que la survenue d'une douleur pourra mettre à 
l'épreuve.  
CONCLUSION
A la manière du Tai Yang dans ses 
aspects multiples, internes et externes, l'expression de toute douleur est 
polyvalente et conduit à analyser globalement les paramètres cliniques, 
anamnestiques et environnementaux du patient à traiter par acupuncture 
(planche 7).
*  Globalité quant à l'examen 
clinique
"Toute douleur qui ne sert à rien est absurde" écrivait A. Malraux. Une douleur est subjective et quand elle a un support concret, une signification biologique, une cause évidente, c'est sa durée qui devient inutile et inacceptable (6). Mais quand la douleur n'est qu'un signe sans support, elle reste un signal majeur pour le médecin acupuncteur, c'est lui qui, "par l'étude des pouls et des méridiens, objective ce que l'on ne peut toucher ou dont on n'a pas la connaissance immédiate (..) ; le Shen, intuition, est la compréhension active de l'inexprimable" (SW 26) (1).
*  Globalité quant à la demande du 
patient
La douleur n'a ni sens ni non-sens. 
Entre la tentation de justifier la souffrance pour donner du sens à la vie et 
celle de récuser le sens d'une vie par excès de souffrance, il y a la vie, et 
donc le Qi qui à travers la douleur, a du sens. C'est l'homme souffrant qu'il 
faut soigner, avec la préoccupation de répondre à ce quelque chose qui échappe 
au sens et résiste au langage. (10) ; c'est le douloureux chronique. 
Face à la souffrance, la 
science, victime d'elle-même, s'intéresse à la douleur et à l'homme mais de 
façon  dichotomique, parce qu'elle 
ne peut pas intégrer l'évolution des symptômes dans le continuum 
espace-temps.
*  Globalité quant à l'effet 
thérapeutique
La médecine traditionnelle chinoise 
apporte cette dimension évolutive dans l'espace temps, et contribue au 
diagnostic par la compréhension globale d'un mécanisme dynamique. Ainsi, 
l'acupuncture aide à traiter l'homme souffrant dans son intégrité, fondée sur l'unité 
du socle physique et psychique. C'est ce que cette étude sur le Tai Yang et la 
douleur a tenté d'illustrer.
BIBLIOGRAPHIE
(1)    Anonyme  : HUANG DI NEI JING SU WEN. Trad HUSSON Albert, ASMAF,éd. Paris 1973, 325 p.
(2)    Anonyme : LING SHU. Trad MING WONG, Masson, éd. Paris 1987, 397 p.
(3)    Anonyme : NAN JING. Trad Dr BACH QUANG MINH, AFERA, éd. s.l.n.d,. 265 p.
(4)    Anonyme : SHANG-HAN LUN. Trad MING WONG, Masson, éd. Paris 1983, 251 p.
(5)    HUANG FU MI : JIA YI JING. Trad DANG-VU Hung, Masson, éd. 1989, 299 p.
(6)    MEYER Philippe : de la douleur à l'éthique, Hachette Sciences, éd.1998, 235 p.
(7)    NGUYEN Auguste : Attributs du Qi et fonction vitale. Séminaires ASLMARRA Lyon (les 19/6/1999 et  18/9/1999), non publiés.
(7 bis)    NGUYEN Auguste : Du neuf en acupuncture Méridiens, 1999, n° 112, p 129-149.
(8)    NGUYEN Auguste : Talalgie. Méridiens, 1990, n° 91, p 161-165.
(9)    Institut RICCI : Dictionnaire français de la langue chinoise. Kuangchi Press, éd. Taipei, 1976, 1322 p.
(10)    VERGELY Bertrand : la souffrance, recherche du sens perdu. Folio essais, éd. 1997, 333 p.
(11)    SCHWOB Marc : la douleur. Flammarion, coll. Dominos, 1994, 126 p.
                    
                     VOCABULAIRE MÉDICAL CHINOIS
par E. ROCHAT DE LA VALLÉE* 
Nous continuons la publication régulière dans MÉRIDIENS d'un vocabulaire médical traditionnel chinois,
 interprété et traduit en français.
 On pourra considérer ces articles comme une prépublication de ce qui bientôt paraîtra dans le Grand Dictionnaire 
 Chinois-Françaisen préparation à l'Institut Ricci.
 On pourra également les considérer comme l'état des travaux entrepris en vue de la confection et de la publication -
 éventuellement en coopération avec deux autres auteurs - d'un grand dictionnaire médical chinois-français.
   Le lecteur voudra donc bien nous pardonner quelques irrégularités dans la longueur des développements et des exposés,
 ainsi que     d'éventuelles absences de quelques notions secondaires. Mais nous avons pensé que cette publication,
 en l'état des recherches, pouvait être utile     aux praticiens qui se heurtent à des difficultés de compréhension
 des expressions médicales chinoises traditionnelles.
   Les entrées sont exclusivement faites à partir du chinois, dans la transcription que nous avons choisie et qui est 
le système officiel       pinyin. Il n'y a pas d'entrée à partir du français pour éviter les confusions dues à la différence 
dans les traductions d'un même mot          ou expression. Les caractères chinois sont écrits dans leur forme complète;
cependant, le cas échéant, on trouvera, à droite de l'entrée, 16 formes simplifiées ou des variantes d'écriture courantes
          des caractères. 
 Souvent, le caractère singulier - qu'il ait lui-même un sens médical ou qu'il soit simplement le premier caractère
d'expressions    médicales - est présenté avec ses sens généraux en chinois. Un tel complément d'information 
servira, nous l'espérons, la compréhension profonde de la proposition chinoise.
 Nous avons évité les entrées trop répétitives par rapport à un sens suffisamment explicite par la décomposition de 
 l'expression. 
    Ainsi nous n'avons pas répété systématiquement un caractère déjà analysé isolément dans des expressions où
la seule addition est  le caractère signifiant " symptôme " ou "méthode "... etc.
 Ce vocabulaire ne s'étend pas au champ très vaste et spécialisé de la pharmacopée (materia medica). On s'est borné à
 mentionner les termes les plus courants utilisés pour rédiger les ordonnances ou confectionner les médicaments.
  Par contre, les médecins et auteurs médicaux les plus connus, comme les ouvrages les plus importants ont été inclus
dans cette sélection, assortis d'une brève présentation.
 
* Elisabeth ROCHAT DE LA VALLÉE - Institut Ricci - École Européenne d'Acupuncture, PARIS.