MÉRIDIENS, 1997- N° 108
DES CHANSONS QUI FONT PROGRESSER LA MÉDECINE CHINOISE LES COMPTINES D'ACUPUNCTURE ET DE MOXIBUSTION
par Bernard et Michèle
AUTEROCHE
Résumé.
-Les comptines ont pour nature une forme
concise et synthétique, mais il ne faut pas voir en elles un simple procédé
mnémotechnique. Elles ont surtout permis la progression de la médecine chinoise
et augmenté son efficacité par le développement des indications thérapeutiques
des Points qui facilite le diagnostic, et l'élaboration de différentes méthodes
pour choisir les Points, les manipuler ou les associer. Ce sont les gloses des
grands commentateurs qui en dévoilent le sens profond. La comptine qui sert d'exemple
ici, se compose de neuf versets, faisant appel à seulement quinze Points.
Mots
clés. -Comptines d'acupuncture et de moxibustion.
Indications thérapeutiques (Indications ponctuelles), commentaires sur les
Points, techniques de manipulations et de moxibustion.
Summary. -While acupuncture counting song are
naturally concise and synthetic, we must not however consider them as a simple
mnemonic device. They in particular have allowed Chinese medicine to advance
and made it more effective by developing the therapeutic use of the Points
which makes diagnosis easier and by formulating different methods for choosing,
manipulating and associating the Points. It is the annotations of the
great commentators that reveal their deep meaning. The counting song that is
used here as an example consists of nine verses referring to only fifteen
Points.
Keywords. -Acupuncture and moxibustion counting song, therapeutic indicators, commentaries on the Points, manipulation and moxibustion techniques.
Les comptines
d'acupuncture et de moxibustion (Zhenjiu Ge
Fu) (1) représentent une
masse d'informations théoriques, recueillies et transmises, à travers deux ou
trois millénaires, par les médecins chinois, à partir de leurs expériences
cliniques. Toutes ces informations issues de la pratique médicale quotidienne,
ont été au cours des siècles, intégrées dans les ouvrages classiques
d'acupuncture, en y apportant parfois quelques modifications.
Historiquement,
la première comptine se trouve dans le "Zi Wu jing» et fut composée
dit-on, par un habitant de Yue à
l'époque des dynasties Zhou et Qin. Cette comptine, rédigée en
formules versifiées, traite brièvement des caractéristiques des aiguilles en
pierre.
-En 682, Sun Si Miao, dans ses "Ordonnances valant mille pièces d'or», présente
plusieurs comptines d'acupuncture.
-Les
comptines se répandirent d'une manière plus importante sous les Song et
atteignirent leur apogée sous les Ming et les Qing. C'est à ces
époques qu'elles furent incorporées dans les ouvrages classiques. Le "Zhen jiu Zhu Ying" de Gao Wu
écrit en 1529, contient 65 comptines;
le « Zhen
Jiu Da Cheng » de
Yang Ji Zhou en 1601, en rapporte plus de vingt; le " Yi Zong Jin Jian, de Qu Qian
en 1742 intègre dans les rouleaux 79 à 86
de nombreuses comptines. Mais c'est He Di Song, médecin acupuncteur de
la dynastie des Qing, qui rédigea le premier ouvrage spécialisé dans les
comptines, le « Zhen Jiu Jue Ge »
-Les derniers livres
"classiques», le "Zhen jiu Feng Yuan"
(Source de
l'acupuncture) écrit en 1817 par Li Xue
Chuan et le "Zhen Jiu Ji Cheng, (Recueil de textes sur l'Acupuncture et la Moxibustion), écrit en
1874 par Liao Run Hong, ont réuni de nombreuses comptines présentant
souvent des traitements par associations de Points. Li Xue Chuan est
d'ailleurs aussi auteur de plusieurs comptines contenues dans le "Hui Tu Zhen jiu Yang Xue»
(Etude facile de l'Acupuncture et de la Moxibustion).
-Au siècle dernier,
des comptines ont même établi des concordances entre l'action de Points
d'acupuncture avec des drogues de la pharmacopée:
Par exemple: la Cantilène de Taiyuan (P 9) :
" Taiyuan est situé sur le bord radial du
pli du poignet.
Dans les maladies du Poumon il faut le rechercher, il
est Point de réunion
des vaisseaux, Point Mère, Point Yuan (Source)
et Point Terre.
(1) Ge signifie "chanson, cantilène"
et Fu "poème versifié», Naturellement, en occident,
la traduction fait perdre le caractère mnémotechnique de ces comptines.
Vous pouvez lire l'article entier dans la version papier de Méridiens numéro 108
VOCABULAIRE MÉDICAL CHINOIS
par E. ROCHAT DE LA VALLÉE*
Nous continuons la publication régulière dans MÉRIDIENS
d'un vocabulaire médical traditionnel chinois, interprété et traduit en
français.
On pourra considérer ces articles comme une prépublication
de ce qui bientôt paraîtra dans le Grand Dictionnaire Chinois-Français en
préparation à l'Institut Ricci.
On pourra également les considérer comme l'état des travaux
entrepris en vue de la confection et de la publication - éventuellement en
coopération avec deux autres auteurs - d'un grand dictionnaire médical
chinois-français.
Le lecteur voudra donc bien nous pardonner
quelques irrégularités dans la longueur des développements et des exposés, ainsi
que d'éventuelles absences de quelques notions secondaires. Mais nous avons
pensé que cette publication, en l'état des recherches, pouvait être utile aux
praticiens qui se heurtent à des difficultés de compréhension des expressions
médicales chinoises traditionnelles.
Les entrées sont exclusivement faites à partir du chinois,
dans la transcription que nous avons choisie et qui est le système officiel pinyin.
Il n'y a pas d'entrée à partir du français pour éviter les confusions
dues à la différence dans les traductions d'un même mot ou
expression. Les caractères chinois sont écrits dans leur forme complète; cependant, le cas
échéant, on trouvera, à droite de l'entrée, 16 formes simplifiées ou
des variantes d'écriture courantes des caractères.
Souvent, le caractère singulier - qu'il ait lui-même un
sens médical ou qu'il soit simplement le premier caractère d'expressions
médicales - est présenté avec ses sens généraux en chinois. Un tel complément
d'information servira, nous l'espérons, la compréhension profonde de la
proposition chinoise.
Nous avons évité les entrées trop répétitives par rapport à
un sens suffisamment explicite par la décomposition de l'expression. Ainsi nous
n'avons pas répété systématiquement un caractère déjà analysé isolément dans des
expressions où la seule addition est le caractère signifiant " symptôme " ou
"méthode "... etc.
Ce vocabulaire ne s'étend pas au champ très vaste et
spécialisé de la pharmacopée (materia medica). On s'est borné à mentionner les
termes les plus courants utilisés pour rédiger les ordonnances ou confectionner
les médicaments.
Par contre, les médecins et auteurs médicaux les plus
connus, comme les ouvrages les plus importants ont été inclus dans cette
sélection, assortis d'une brève présentation.
* Elisabeth ROCHAT DE LA VALLÉE - Institut Ricci -
École Européenne d'Acupuncture, PARIS.