MÉRIDIENS, 1994 - N° 103

 

A PROPOS DES TRONCS CÉLESTES ET DES BRANCHES TERRESTRES : RÉFLEXIONS SUR LES RYTHMES BIOLOGIQUES, LA CHRONOPATHOLOGIE ET LES PRÉVISIONS MÉTÉOROLOGIQUES SELON LES CONCEPTIONS CHINOISES.

1ère partie : RYTHMES CIRCADIENS ET CIRCANNUELS : REALITES ET PERSPECTIVES
 
par Jean-Marc STEPHAN
 

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L'EXAMEN CLINIQUE ET L'ELABORATION DU DIAGNOSTIC

                   Selon le NEIJING QUANSHI

                        Commentaire du SUWEN datant de l'époque des Qing

                           Par Patrick TRIADOU

Résumé: Le recueil et la mise en forme des informations obtenues au cours de l'examen cli­nique sont une étape essentielle de l'établissement du diagnostic. Plusieurs méthodes d'exa­men et plusieurs systèmes d'interprétation ont été développés au cours de l'histoire par les médecins chinois. Le Neijing Suwen, qui fait le bilan de ces approches, se présente comme une compilation des écrits de différentes écoles. Les commentaires successifs dont il a fait l'objet ont permis d'établir une certaine cohérence entre ces différentes façons de penser le diagnostic. Nous présentons dans cet article les extraits du Suwen choisis et commentés par l'auteur du Neijing quansbi pour aborder ce problème. Le Neijing quansbi est un commentai­re tardif datant de la dynastie des Qing. Il reflète une phase avancée de la pensée médicale chinoise et de sa démarche syncrétique. Bien qu'ayant conservé l'ordre de présentation du Suwen  il contient de façon résumée l'ensemble des notions qu'ont mis en forme à l'heure ac­tuelle les théoriciens de la médecine traditionnelle chinoise pour présenter les aspects scien­tifiques de cette théorie. Centré sur les multiples modalités d'interprétation des pouls radiaux, l'examen du Neijing quansbi tient également compte du teint, de l'état de la forme corporelle et d'aspects clIniquement importants de certains pouls. Reprenant les différentes grilles d'in­terprétation développées pour rendre compte de la physiologie, l'auteur du Neijing quansbi y ajoute des couples de notions proches des 8 règles (1) pour élaborer le diagnostic.

Mots dés: Examen clinique -diagnostic -médecine traditionnelle chinoise -Neijing Suwen -commentaire -période Qing.

 

Summary : Collecting and using information concerning clinical examination are an essential step in the diagnosis process. Various techniques of examination and several systems of interpretation have been developed al different times by Chinese medical doctors. The Nei­jing Suwen which collects these different approaches, looks like a compilation of texts reflecting the ideas of various schools of though. Commentaries on the Suwen allowed the establishment of consistency between the different ways of thinking about the diagnosis. ln this paper we present extracts of the Suwen chosen and annotated by the author of the Nei­jing quansbi. The Neijing quansbi is a late commentary of the Suwen dating from the Qing period. It reflects an advanced stage of the Chinese medical thought and of its syncretistic process. Although the Neijing quansbi retained the order of the chapters of the Suwen it contained all the notions used today by the theorists of traditional Chinese medicine in order to present the scientific aspects of this theory. Essentially concerned by the various possible interpretations of the pulse examination at the wrist, the author of the Neijing quansbi also take into consideration the color of the face, the shape of the body and the clinically impor­tant aspects of the pulse. Using the various systems of interpretation developed for under­standing physiology, he added specific notions in order to build up the diagnosis.

Key words : clinical examination -diagnosis -traditional Chinese medicine - Neijing suwen­ commentary - Qing period.

(1) Les ba gang (8 règles diagnostiques) sont: yin yang, vide plénitude, biao li, chaud froid.

Bien que les 8 règles diagnostiques en tant que telles n'appartiennent pas au Suwen nous en conserverons l'emploi pour des raisons de commodité.

1 - INTRODUCTI0N

Le recueil des informations obtenues au cours de l'examen clinique, et la façon de les organiser au sein des schémas leur donnant un sens, sont une des étapes essentielles de l'établissement du diagnostic. C'est à cette étape de mise en forme de la pensée, destinée à donner un sens à une si­tuation pathologique, et à l'étude de sa cohérence qu'est consacré cet arti­cle. De multiples approches ont été tentées pour aborder ce phénomène au cours de l'histoire de la médecine chinoise. Elles ont abouti au schéma syncrétique que les penseurs chinois contemporains mettent aujourd'hui à notre disposition.
Le propos du Shennong bencaojing (1) est centré sur l'indication des médicaments en fonction des symptômes sans que le recours aux cadres de référence du raisonnement ne soit explicite. L'auteur du Maijing (2) est avant tout préoccupé par le bilan de l'ensemble des connaissances qu'on peut tirer de l'examen des pouls et par la façon de les relier à minima aux schémas théoriques de référence. Il est également clair qu'aucun chapitre du Neijing ou du Nanjing n'est exclusivement consacré à une vision globa­le de ce phénomène. Si le premier, conformément à sa dimension de com­pilation de textes de différentes écoles, nous confronte à plusieurs approches de l'examen clinique éparpillées au fIl des chapitres, le Nanjing propose une compréhension des pouls exclusivement basée sur la médeci­ne des correspondances portée à son point ultime d'achèvement (théorie du yin yang et des 5 agents). Le travail des commentateurs du Suwen est de ce point de vue particulièrement intéressant. Prenant en considération l'en­semble des informations plus ou moins systématisées rassemblées dans le Suwen, ils ont tenté de leur donner une cohérence en les confrontant et en les rapprochant au sein d'un schéma syncrétique de pensée.

Ces commentaires, qui ont commencé à apparaître avec Wang Bing de la dynastie des Tang se sont perpétués au sein d'une tradition vivace jusqu’à la dynastie des Qing.

(1) "Matière médicale" de Shen mong.

(2) "Traité des Pouls" de Wang Shuhe (3ème siècle).

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"L'AGE NATUREL" TIAN NIAN

Texte, traduction, commentaires et analyse du Ling Shu chapitre 54

par Jean-Yves LE ROL

Résumé. Autant, dans notre littérature médicale sur les textes traditionnels, les traductions et analyses des Questions Simples "Su Wen" de l'empereur Jaune abondent, autant les inter­prétations et adaptations des chapitres du Ling Shu font défaut, y compris dans la littérature chinoise.

On présente dans ce chapitre le thème de la longévité; entretien de la vie devrions-nous dire, par une succession de questions et de réponses sur la conduite à tenir au regard des élé­ments vitaux reçus du Ciel/Terre, sur ce qu'apportent le père et la mère dans la conception d'un nouvel être, ce que sont les Esprits et la mort, résultat de leur départ, l'inconduite préju­diciable à une longue vie, l'attitude devant être adoptée en face de la maladie et enfin, la part de l'homme responsable, mais jusqu'à quel point, dans ses malheurs et infortunes débou­chant sur la maladie, voilà pour l'essentiel. L'exposé sera tenu de main de maître (céleste) par Qi Bo, ce travail sera surtout soutenu par des commentaires riches et puissants, toutes épo­ques confondues. Ils nous forcent à reconduire constamment notre interrogation sur ce que le monde chinois nomme les Trois Puissances -Esprits, Essences et Souffles et tient ainsi notre esprit en éveil sur les données fondamentales qui construisent l'existence et l'animation du vivant, perspectives bien assimilées mais souvent prou ou mal comprises.

 Mots clés. -Ling Sbu, esprits, essences, souffles, longévité, maladie.

Summary. While in our medical literature on the traditional texts, there is an abundance of translations and analyses of the Candid Questions, the "Su Wen” of the yellow Sovereign, at the same time there is just as great a lack of interpretations and adaptations of the chapters of the Ling Shu, and this applies equally to Chinese literature.

in this chapter the author sets out the tbeme of longevity, we should say rather a conversation about life, using a sequence of questions and answers about the life-style to have with regard to the vital elements coming from Heaven and Earth, about the contribution made by the fa­ther and mother in the conception of a being, about the nature of Spirits and death, the result of their departure, about lax comportment prejudicial to a lengthy life, about the right attitude to take when confronted by illness and finally, the conduct of a responsible individual, but up to what point in his troubles and misfortunes ending in illness. This gives the essential ele­ments. Tl1is is a summary done in a masterly (heavenly) fashion by Qi Bo. It is a piece of work given particular support by rich, powerful commentaries, coming from every era. They compel us constantly to carry out again our questioning into wl1at the Chinese world designa­tes the three Powers : the Spirits, the Essences and the Breaths and so this keeps our minds alert to the fundamental elements that bring about the existence and animation of the living being, which are ideas that are readily accepted but often little or badly understood.

Key words. -Ling Sbu, spirits, essences, breaths, longevity, illness.

 

 

INTRODUCTION

Comment appréhender la qualité des Souffles du vivant afin de déter­miner la durée de sa vie, pronostiquer ses maladies et ses chances de guérison, tel est le sens général de ce chapitre. Il est comme un écho au chapitre 1 du Su Wen qui aborde le thème de la longévité et, au travers de celui-ci, la mort. La mort (naturelle) est une transformation, la totalité des Souffles et des Essences  d'un être y concourent. Pour ce, il y sera surtout question de leur déclin qui n'est pas ici un processus d'altération tel que cela se révèle dans la maladie, mais l'élaboration d'un fonctionnement particu­lier de décroissance liée au grand principe général de vivification : le cycle Shen. Voilà bien là le paradoxe, la Mort fait partie des mouve­ments de la Vie. Ce chapitre n'est pas un traité sur la mort, mais il montre comment, au travers de processus physiologiques, cette lente opéra­tion d'ultime transformation liée au travail des Cinq Zang se met en place.

La seconde grande parenthèse aborde le thème de la longévité, savoir entretenir sa vitalité (un des éléments de construction du Taoïsme), c'est surtout savoir accueillir ses Esprits et les conserver -Shou. Ceux-ci, garant de l'authenticité des Essences, enracinés au cœur même de l'anima­tion des Souffles, ils ont un lieu de vacance privilégié, un domaine de villégiature où doit régner la paix et la tranquillité, c'est bien sûr le Cœur.

Nous sommes dans le Ling Shu pas étonnant que le Cœur soit sous entendu à chacune des propositions du texte puisque celui-ci n'est autre que le pivot merveilleux -Ling Shu- de la Vie. C'est donc un chapitre considéré comme important.

Ce travail est une traduction du texte, lui-même assez court (463 caractères), construite autour de commentaires les plus significatifs et accompagné d'une analyse et de réflexions personnelles. Trois grands aspects se dégagent de l'ensemble:

1° : Qu'est-ce que les souffles bâtisseurs? C'est ce qu'apportent les parents dans la conception.

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