MÉRIDIENS, 2000 - N° 114  

À PROPOS DES SYNDROMES CLINIQUES CHINOIS (ZHENG),DE LA SÉMIOLOGIE DES MÉRIDIENS ET DES INDICATIONS DES POINTS D'ACUPUNCTURE : SOUHAIT D'OUVERTURE D'UNE DISCUSSION

Commission Médico-sinologique de la FAFORMEC (Dr Jean-Claude Dubois, Dr Philippe Castera, Dr Pierre Dinouart-Jatteau, Dr Éric Kiener)

Dans le numéro de janvier-février-mars 2000 de la revue Bai Hui, Gilles Andrès a commenté la communication faite par la Commission médico-sinologique lors du Congrès de la FAFORMEC à Paris en décembre 1999. À la demande du GERA et de la Commission évaluation, voici ce que nous avons pensé devoir dire à notre tour à partir de ce commentaire.
Il est bien vrai, ainsi que le rappelle Gilles Andrès, que l'actuel travail de notre Commission propose un retour aux sources de l'Acupuncture traditionnelle en recentrant la perspective sur la théorie des méridiens (jing luo) -non isolée de celle des organes-entrailles (zang-fu) -par une nouvelle présentation, plus systématique de leur sémiologie. Et qu'une telle perspective s'accorde avec le souci de notre confrère de sauvegarder une pratique de l'Acupuncture qui tienne compte de " la dynamique du souffle propre à la personne soignée, de sa personnalité, de son environnement et de ses aspirations " (voir son éditorial du n° 81 de la Revue française d'Acupuncture, janvier-février-mars 1995).

Cependant nous ne pouvons le suivre lorsqu'il déclare que les Zheng montrent " l'occidentalisation de la médecine chinoise " et qu'ils ont été " créés " par les Chinois comme " un produit fait à notre mesure pour pénétrer le monde occidental"... La notion de Zheng nous paraît au contraire intrinsèque à la médecine traditionnelle chinoise, nichée au cœur de sa sémiologie, quel que soit le modèle considéré, Jing Luo ou Zang-Fu. D'ailleurs si le mot n'y est pas, la chose se trouve déjà chez Georges Soulié de Morant lorsqu'il écrit: .Aux yeux des Chinois, il n'y a pas en réalité de maladies, mais seulement des groupes de manières personnelles (quoique fréquentes) d'exprimer une dysfonction d'énergie déjà établie " (L'Acupuncture chinoise, tome II, p. 114 de l'édition de 1972).

Ensuite, notre équipe n'est certes pas la première à entreprendre un travail sur la sémiologie des méridiens d'acupuncture. Mais les outils traditionnels qu'elle utilise, affûtés par la présence en son sein d'un universitaire pékinois, conduisent à des résultats souvent très différents de ceux obtenus par nos prédécesseurs français. Raison pour laquelle nous ne nous aidons pas des travaux de " nos aînés ", pour reprendre le mot de Gilles Andrès.

Enfin il ne nous semble pas exact de dire que l'étude de la sémiologie des points d'acupuncture est plus importante que celle des méridiens. Ne serait-ce pas plutôt que la sémiologie et la physiopathologie énergétique des méridiens conditionnent largement les indications des points d'acupuncture ? De ce fait, il n'est pas sans danger d'interpréter ces dernières sans une référence constante et rigoureuse aux enseignements de base de la MTC, tels qu'ils sont délivrés de nos jours dans les Universités de Chine.

Nous avons tenu à porter ces quelques réflexions à la connaissance de chacun afin qu'un débat puisse éventuellement s'ouvrir au sein de la FAFORMEC. De telles questions sont trop importantes pour être laissées sous le boisseau. Merci donc à Gilles Andrès d'avoir bien voulu nous exprimer son opinion !

 

Si vous voulez participez au débat, RENDEZ-VOUS dans le FORUM : n'hésitez pas à y laisser questions et  réflexions.