MÉRIDIENS, 1999 - N° 113
Dr Bernard de WURSTEMBERGER
Résumé : Le principal objet tant de l'acupuncture que de l'allergologie est d'harmoniser l'Homme : harmoniser l'Homme en lui-même et dans ses relations avec le monde qui l'entoure. A partir de ce constat, il a paru intéressant de tenter une explication en "langage chinois" du déroulement des différentes phases de la réaction allergique : avec l'énergie Wei contrôlée par Chong Mai et assurant la régulation de toutes les réactions immunologiques ; avec les méridiens distincts (Jing Bie) dans le rôle d'immunomodulateurs ; avec les dysfonctions des viscères comme origine constitutionnelle ou acquise des allergies ; enfin avec le système des 5 mouvements dans le traitement symptomatiques des maladies allergiques.
Mots clés : Allergie,
énergie Wei (Wei Qi), méridiens distincts (Jing Bie), Zang Fu, Merveilleux Vaisseaux, système des 5
mouvements.
Abstract
:
The main objective of acupuncture just as of allergology is the harmonisation of
Man, the harmonisation of Man within himself and in the world surrounding him.
Starting with this premise, it seemed an interesting idea to try to explain in
ŒChinese terms' the development of differing phases of the allergic reaction ;
the Wei energy controlled by Chong Mai and providing the means of controlling
all immunological reactions ; the distinct channels (Jing Bie) in the rôle of
immuno-modulators ; the dysfunctions of the viscera as being the origin, both
constitutional and acquired, of allergies ; finally the system of the 5
movements in the symptomatic treatment of allergic illnesses.
Key
words
: Allergy, Wei energy (Wei Qi), the distinct channels (Jing Bie), Zang Fu, the
extra channels, the system of the 5 movements.
La médecine traditionnelle chinoise a
élaboré il y a quelques millénaires un système de pensée très complexe
permettant de comprendre le fonctionnement interne de l'Homme et les rapports
qu'il entretient avec le monde qui l'entoure. Les systèmes de référence utilisés
forment un ensemble de lois qui régissent ce
fonctionnement.
L'acupuncture est un "modèle universel
de l'être" : appliquant à l'Homme les lois qui régissent le Cosmos, elle est
aussi un "modèle dialectique de l'Univers". L'arrivée récente de la médecine
traditionnelle chinoise dans la médecine "moderne" a provoqué et provoque
toujours de nombreuses réticences : si l'Occident considère comme scientifique
la "mesure des choses" (analytique), la médecine traditionnelle chinoise se
réfère plutôt au "rapport des choses", (synthétique). Il existe cependant
beaucoup d'indices montrant, preuves scientifiques à l'appui, que l'acupuncture
a une réelle action biologique.
L'acupuncture, sans aucun doute, peut
influencer notre système immunitaire ; elle devrait d'ailleurs constituer à
l'avenir un apport complémentaire non négligeable dans le traitement tant des
problèmes d'immunodéficience que des affections allergiques. Les résultats très positifs, constatés
dans les cas d'allergies saisonnières notamment, placent l'acupuncture parmi les
alternatives de choix dans la gamme des mesures
thérapeutiques.
La littérature aussi bien occidentale que chinoise ne regorge pas de travaux sur l'allergologie : la raison tient probablement au fait qu'en Chine les allergies sont encore rares (ou ne sont pas recherchées!) et que ce n'est que récemment que leur importance a été reconnue chez nous. L'incidence grandissante des allergies va sans doute pousser les chercheurs à réfléchir aux moyens de les traiter ; les textes chinois doivent encore renfermer des trésors inexplorés..
suite dans le numéro 113 papier, sur commande
«LE CERVEAU CHINOIS EST-IL DE DROITE»
Joël Bellassem - Jean-François
Lambert
Joël Bellassem, professeur de chinois
Jean-François Lambert, professeur de neuropsychologie
Conférence-débat du 12 décembre 1997,organisée par «CHERCHEUR TOUJOURS»
Compte-rendu établi par ISAAC BÉHAR
Résumé : Compte-rendu d’une conférence-débat entre
Joël Bellassen, professeur de chinois, et Jean-François Lambert, professeur en
neuropsychologie, établi par Isaac Béhar. La prédominance du cerveau gauche ou
du cerveau droit chez l’Occidental « standard », le Chinois et le Japonais
est-elle en rapport avec le langage oral ou écrit et la latéralisation
?
Mots clés : cerveau, latéralisation, chinois, français,
japonais
Abstract
: A
report of a conference and a discussion between Joël Bellassem, professor of
Chinese, and Jean-François Lambert, professor of neuropsychology, in an account
by Isaac Béhar. Is the predominance of the left hemisphere or the right
hemisphere amongst « average » Westerners, Chinese and Japanese related to oral
or written speech and lateralisation ?
Key
words : brain, lateralisation, French,
Chinese, Japanese
.
Les deux Conférenciers étaient Joël
BELLASSEN, professeur de chinois et Jean-François LAMBERT, professeur de
neuropsychologie ; le modérateur était Isaac Béhar, Docteur es Sciences
Physiques, ancien Président de sociétés.
Joël BELLASSEN commence l’exposé en
expliquant les bases de l’écriture chinoise. Il prend pour exemple les termes
«cerveau droit» et il dessine deux idéogrammes représentés dans la figure 1 et 3
de l’annexe. Ces deux caractères se prononcent «yòu nao» qui correspondent à
deux syllabes. Les mots chinois sont en effet monosyllabiques. Joël BELLASSEN
donne plusieurs modes de
prononciation de «Yòu» que l’on pourrait imager par «Yo» la prononciation de la
voyelle «o» étant courte ou encore par «yooo» en prolongeant le «o». Il donne
d’autres exemples d’intonations possibles, plus difficiles à transcrire de
manière phonétique. Il fait de même avec «nao» qui peut se prononcer comme en
anglais ou encore «naooo», avec à nouveau différentes variantes d’intonation. Ce
qu’il est important de retenir, c’est que l’écriture par elle-même ne contient
aucune indication sur la manière de prononcer le mot. Il faut donc tout à la
fois mémoriser la signification et la prononciation de chaque signe, la liaison
entre les deux étant arbitraire.
Pour comprendre chaque signe, il est souvent
nécessaire de tenir compte de l’évolution du signe et donc de rechercher
l’ancêtre du signe actuel. Il y a consensus pour considérer que le signe de la
fig. 1 est dérivé du signe représenté dans la fig. 2 et qu’il est la
représentation stylisée d’une main et de la bouche. Pourquoi une main et la
bouche représentent-ils le concept «droit» ? L’interprétation ne fait pas
l’unanimité ; certains pensent que la juxtaposition d’une main et de la bouche
indique la main dont on se sert pour manger, et donc la droite. Le deuxième
signe dont la forme s’est figée au 2e siècle av. J.-C. est représenté dans la
fig. 3 ; l’ancêtre de ce signe est représenté dans la fig. 4.
Il s’agit dans ce cas d’un pictogramme du
cerveau, c’est-à-dire d’une représentation du réel. La croix que l’on observe
dans la fig. 4 représente la fontanelle c’est-à-dire la partie du crâne qui
n’est pas soudée à la naissance. Par comparaison, le signe actuel représenté
dans la fig. 3, est stylisé, pour tenir notamment compte de l’évolution de
l’outil d’écriture. On reconnaît la
croix qui représente la fontanelle. Il y a cependant eu addition d’autres signes
comme dans la plupart des mots chinois que l’on pourrait, par comparaison avec
le français, considérer comme étant des «racines». Alors que la racine en
français est du type alphabétique et se réfère à l’origine latine ou grecque, la racine en chinois est
pictographique, logographique.
Le signe qui a été rajouté est la racine de
la viande ou de la chair. En somme, le symbole représentant le cerveau a été
suractivé par le symbole représentant les stries de la viande ; les différentes
parties du corps comprennent cette même racine
pictographique.
Après ces explications préalables, Joël
BELLASSEN insiste sur le fait que pour aborder la problématique du débat, il
faut tenir compte du fait que l’écriture chinois n’est pas phonétique, qu’elle
n’est pas la transcription écrite de la manière dont ce mot se prononce. A titre
d’exemple,
Joël BELLASSEN montre le pictogramme de montagne (fig. 5) dont l’ancêtre est représenté dans la fig. 6, et déclare qu’il se prononce «shan» en chinois alors qu’au Japon le même signe, qui a la même signification se prononce «Yama». Il note qu’il n’y a aucun rapport entre «shan» et « yama» et de surcroît, alors que les signes sont monosyllabiques en chinois, ils sont souvent dissyllabique en japonais. Pour compléter la comparaison entre le chinois et le français, Joël BELLASSEN précise que rien n’empêcherait une communauté francophone de décider de représenter le mot «montagne» par le pictogramme de la fig. 5, tout en continuant à le prononcer montagne. A contrario, on ne pourrait pas en français remplacer le mot montagne par un mot phonétiquement différents, et continuer à le prononcer montagne.
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