MÉRIDIENS, 2000 - N° 114

Editorial

par le docteur Éric Kiener

Quelle satisfaction de voir arriver par le courrier une nouvelle revue d'Acupuncture! Qu'il est difficile de réunir des points de vue, de les mettre en forme, de les vérifier, de respecter les délais de parution.
La revue est le fruit du travail de médecins, pour la plupart libéraux, qui donnent bénévolement une grande partie de leur temps libre pour diffuser les savoirs et les vécus. Qu'ils en soient sans cesse remerciés.
Une fois de plus, je ne peux que vous recommander de vous abonner aux trois principales revues d'acupuncture paraissant en langue française. Même si vous ne les lisez pas tout de suite, votre geste encourage ceux qui font des efforts : vous participez ainsi à la vie de cette médecine, principale compagne de votre existence de thérapeutes.
Vous avez en main un bel exemplaire de la revue " Méridiens ". La Tradition n'a pas été négligée puisqu'il est rappelé par Pierre Dinouart que " la connaissance de notre art ne peut se passer du travail des écritures et des idéogrammes".
Ces écritures, encore faut-il bien les lire dans le texte, afin d'en décoder la signification authentique! Le travail sur le méridien Yang Ming du Gros Intestin, nous montre que non seulement les méridiens ne sont pas que des fils ou des conduits qui transmettent des informations, mais qu'ils ont une personnalité, qu'ils sont un lieu de résonance de manifestations somatiques et psychiques de l'être qu'ils vivifient. Cela au minimum.
En passant, bravo à l'équipe qui travaille au sein de la commission médico-sinologique de la F.A.FOR.ME.C., qui est prête à accueillir toutes les bonnes intentions susceptibles d'améliorer la connaissance de notre art.
Un bel article de madame Thorer, qui exprime son vécu dans un centre de réhabilitation post-chirurgicale, nous invite à lui poser les questions qu'elle n'a pu développer par écrit.
Suivent deux articles sur les troubles du comportement alimentaire. Boulimie, nausées, vomissements permettent de nous rafraîchir la mémoire sur une méthodologie d'approche traditionnelle qui exprime parfaitement que le principal point d'impact des difficultés relationnelles (stress, conflit, inadaptation...) reste, non pas le cerveau, mais le système digestif.
Quant à nos amis qui s'ennuient à la lecture de concepts chinois traditionnels, ils pourront se divertir avec les schémas de l'art amoureux. Très peu de choses avaient été écrites sur ce sujet depuis bien longtemps dans nos revues(1). S'il est vrai que les abus de la chambre à coucher sont un facteur constamment cité dans les insuffisances et vides de l'essence Jing, il faudrait tout de même ne pas oublier que l'acte sexuel, sans effluves de sentiments, ne peut que dessécher les liquides organiques et surtout le Cœur. La technique et sa maîtrise ne sont pas suffisantes pour vivifier la relation d'amour et la rendre fertile. Toutefois, ce texte a l'immense avantage de nous confirmer que l'homme est bien fragile.
Chaque jour est un jour nouveau, certes, mais l'essence est plus du domaine de l'immuable. Si, dans un avenir proche. Méridiens. est appelé à renouveler sa présentation, que son esprit d'ouverture et de qualité demeure et puisse même être contagieux.

1. Cf. l'excellent article de Dr Poix, de Lyon, " Hygiène sexuelle traditionnelle " in Bulletin de la Société d'acupuncture, n° 44, 2e semestre 1962. Le directeur de ce bulletin, ancêtre de " Méridiens " était André Duron, le directeur-adjoint de notre regretté ami Didier Fourmont.