MÉRIDIENS, 1994 - N° 103

EDITORIAL

Un récent voyage en Chine m'a convaincu de la dimension pla­nétaire de la civilisation dans laquelle nous allons de plus en plus être amenés à vivre. Les règles du tourisme international comme l'univer­salité de moyens techniques de production conduisent à une normali­sation un peu grise.

Nous penserons, désirerons et ferons, peut-être, bientôt tous la même chose. L'autre sera plus difficile à trouver dans l'univers techni­que de l'homme postmoderne. L'histoire des spécificités culturelles est parquée dans des musées et des sites ou des monuments vite visités. Il est clair que les langues resteront les témoins vivants de l'histoire de ces spécificités qui font la richesse de l'humanité. On parle et on écrit toujours le chinois en Chine. Bonne nouvelle! Si la pharmacopée chi­noise a suscité la curiosité des firmes pharmaceutiques occidentales, il persiste encore des pharmacies traditionnelles, pour suivre des habitu­des séculaires. La médecine traditionnelle est également toujours vi­vante, et souhaitons que nous ayons l'intelligence de préserver dans leurs indications les diverses approches du phénomène humain que les médecines mettent aujourd'hui à notre disposition. On peut ainsi espérer que l'homme du vingt-et-unième siècle, évitant le piège de la normalisation, conservera tous ses possibles et sa créativité.

Pourquoi ne pas apprendre à conjuguer Orient et Occident, vivre la diversité; au lieu de s'enfermer dans la monotonie technico­-administrative, quelle que soit sa patrie d'origine?

 

Patrick TRIADOU.