MÉRIDIENS, 1994 - N° 103

UN ACOUPHÈNE A TONALITÉ UNITAIRE

Par Bernard AUTEROCHE et D.P. BASMADJIAN

Résumé: A partir de l'observation clinique d'un acouphène, les auteurs établissent la néces­saire union entre l'acupuncture des Jing Luo et celle des Zang Fu, ainsi que la complémentari­té entre les médecines occidentale et chinoise.

Mots dés : Acouphène, Ling Shu, Jing Luo, Zang Fu, méridiens irréguliers.

Summary : From the clinical observation of a tinnitus, the authors establish the necessary union between the acupuncture of jing Luo and Zang Fu, as well as the complementarity bet­ween western and Chinese medicines.

Key words : Tinnitus, Ling Shu, jing Luo, Zang Fu, extra channels.

La Médecine Chinoise et la Médecine Occidentale ayant des paradig­mes différents, il est facile de les opposer.

Médecine Occidentale:

* Importance du substratum anatomique,

* Notions de causalité aristotélicienne, en particulier la troisième, celle du changement,

Deuxième principe de Descartes, le modèle réductionniste.

Médecine Chinoise:

        * Importance de la fonction, désintérêt pour le substratum anatomique.

        Par exemple:

        -absence de substratum anatomique pour les Méridiens et collatéra­les (Système-Méridiens),

        -Viscères chinois ne pouvant être assimilés aux organes anatomiques occidentaux qui portent le même nom (Système des Zang Fu).

        * Importance de l'analogie avec l'univers, ses changements et rela­tions (théorie du Yin Yang, des Cinq Phases).

* Relation entre l'univers et l'homme (théorie des atteintes externes).

La première médecine, avec son formidable bagage technologique, permet des avancées extraordinaires dans la connaissance et la thérapeuti­que; mais en traquant la maladie d'une manière sectorielle voire segmen­taire, elle oublie souvent de soigner le patient.

La seconde, malgré la prise en compte globale de l'homme et de son environnement, a pour limite d'être issue d'une civilisation étrangère et de par ses conceptions philosophiques de n'avoir pas accès aux prodigieuses découvertes médicales du XXème siècle (quoique la théorie de la relativité et la physique des quanta tempèrent cette affirmation). Elle a besoin d'être adaptée, sans être dénaturée, au mode de vie, de pensée, de comporte­ment psycho-socio-culturel des occidentaux.

Cependant nous autres médecins, qui possédons à la fois la connais­sance occidentale et la formation chinoise, savons d'expérience quotidien­ne combien notre pratique clinique est enrichie et confortée par cette double compétence dans laquelle les deux médecines, loin de s'opposer, se tempèrent, se promeuvent et s'entraident dans une unique finalité : soigner.

De même, à l'intérieur de la science acupuncturale, en relation avec les conditions historiques de son introduction en Europe, se sont installées depuis quelques années une dichotomie et une apparente opposition entre le Système-Méridiens et le Système des Zang Fu. Il semble que l'acupunc­ture soit divisée en deux parties, celles des Zang Fu l'emportant actuelle­ment sur celle du Système-Méridiens, alors que toutes deux font partie d'une acupuncture unique, le Système-Méridiens étant meilleur pour soi­gner la Surface (Biao) alors que le Système des Zang Fu est plus efficace pour traiter l'Interne (Li).

Le cas clinique qui va suivre est une démonstration de l'utilisation complémentaire de ces deux médecines et du choix d'un traitement acu­punctural déterminé par la localisation de l'affection, la connaissance des deux Systèmes et leur utilisation sans a priori.

Cas clinique:

Ce patient de 38 ans, en bon état général, nous a consultés au mois de mars 93, pour des acouphènes présents exclusivement au niveau de l'oreille gauche, depuis 2 ans, de façon continue, et s'accompagnant d'hypoacousie.

  Vous pouvez lire la suite de l'article dans la version papier de Méridiens numéro 103

 

MON OPINION SUR L'AURICULO-ACUPUNCTURE CHINOISE

par Cui Yong Qiang

traduit de l'anglais par Patrick SAUTREUIL

Résumé. L’auriculo-acupuncture est une technique maintenant bien intégrée à la Méde­cine Traditionnelle Chinoise. Si on trouve des textes mentionnant des points auriculaires (1888) et si deux médecins chinois ont employé des points de l'oreille pour traiter une amygdalite aiguë deux ans avant que Paul Nogier ne publie son « Traité d’Auriculothérapie », c'est bien à ce médecin français que revient le mérite du développement de cette discipline, II existe des différences dans la cartographie des points, dans la compréhension des méca­nismes physiopathologiques et dans les méthodes de traitement (graines de vaccaria segeta­lis et billes magnétiques). Des exemples de traitement sont donnés pour l'obésité et l'accou­tumance au tabac.

Mots dés : Auriculo-Acupuncture Chinoise - Docteur Paul Nogier

Summary. : Auriculo-acupuncture is a technique that is now well integrated into traditio­nal Chinese medicine. Though one finds tests that mention auricular points (1888) and two Chinese doctors have used these points on the ear to treat acute tonsillitis two years before Paul Nogier published his "Treatise On Auriculotherapy", the honour of developing this discipline falls to this French doctor. There exists differences in the cartography of the points, in the understanding of the psychopathological mechanisms and in the methods of treatment (vaccaria segetalis seeds and magnetic balls). Examples of treatment are given for obesity and for the habit of smoking.

Key words. -Chinese Auriculo-Acupuncture -Docteur Paul Nogier.

De nombreux médecins chinois attribuent l'origine de l'acupuncture auriculaire aux mêmes sources historiques que celles qui ont mené au déve­loppement de l'acupuncture corporelle. Alors que les praticiens occidentaux d'auriculothérapie et des Chinois attribuent les cartes chinoises auriculaires à une découverte qui a son origine en France avec le travail de Paul Nogier.

Les cartes chinoises et françaises sont à la base similaires quant à la description d'un modèle de fœtus inversé sur l'oreille, mais elles diffèrent dans la localisation de certains points d'acupuncture. Cependant, il doit être souligné que le concept original de voir dans le pavillon de l'oreille un fœtus inversé n'a pas du tout été développé en Chine. C'est réellement Paul Nogier, qui, en premier lieu, a découvert le système réflexe somatotopique de l'oreille.

En 1958, la carte de l'oreille au fœtus inversé de Paul Nogier était traduite en chinois dans le journal de Médecine Traditionnelle de Shanghaï par M. Xiao. Les Chinois, acceptant dès lors les idées de Nogier, apportè­rent certaines confirmations du concept de l'oreille à travers beaucoup d'investigations cliniques et découvrirent certains points supplémentaires qui n'étaient pas notés sur les cartes auriculaires de Nogier. Dès lors, les différences entre les deux systèmes, dans la localisation et la stimulation des points de l'oreille, devinrent de plus en plus grandes.

Avant 1958, des médecins chinois avaient décrit plusieurs points sur l'oreille ainsi que leurs relations avec les méridiens et les organes internes, comme la distribution des 5 organes internes (appelés Zang en chinois) sur la face postérieure de l'oreille, notés par Zhang Zhengyun en 1888.

Deux ans avant que les cartes auriculaires de Nogier soient introduites en Chine, deux médecins de la province du Shandong ont publié un article décrivant les traitements de l'angine aiguë par acupuncture auriculaire.

Mais ces archives et autres documents ne semblent pas autant élaborés au niveau systématique et théorique que ceux présentés par Paul Nogier. Néanmoins, ce traitement est généralement accepté comme le premier traitement par acupuncture auriculaire avant l'apparition des cartes auricu­laires de Nogier en Chine, en 1958.

Certains éléments théoriques et pratiques de l'acupuncture auriculaire chinoise, quoique similaires de l'acupuncture corporelle et de la phytothéra­pie chinoise, varient selon les régions. C'est pourquoi il existe différentes cartes utilisées simultanément en Chine alors qu'une carte internationale de référence de l'acupuncture auriculaire a été établie en 1989. Il est tout à fait possible que certaines différences soient dues à la transcription incorrecte de dessins de l'oreille.

Dans l'histoire de l'acupuncture auriculaire en Chine, il est difficile de trouver un médecin ayant la renommée du Dr Paul Nogier en Occident.

Quoiqu'il en soit, Chen Gongsun, Xu Ruizhen et Huang Lichun font partie des médecins qui, couronnés par le succès, utilisent l'acupuncture auriculaire depuis quelques années en Chine.

Les stimulations auriculaires d'usage courant
 
L'acupuncture auriculaire est une branche individualisée de l'acupuncture chinoise mais, à l'extérieur des hôpitaux, elle a été pratiquée plus largement que l'acupuncture corporelle après que la technique appelée " technique de la graine pressée " ait été développée il y a plusieurs années en Chine, Pour réaliser un traitement, une graine de "vaccaria segetalis" est fixée fermement sur un point particulier de l'oreille et pressée pour stimuler dans un but thérapeutique, Bien sûr, l'utilisation d'aiguilles est indiquée pour beaucoup de maladies, mais l'insertion et la stimulation d'aiguilles produit indiscutablement des douleurs, ce qui fait que les patients, spécialement les enfants, reçoivent ces traitements à contrecœur. La méthode de la graine pressée surmonte ce problème, De plus, cette thérapeutique produit virtuellement une stimulation continue, car le patient peut appuyer sur la graine incrustée (dans la peau), à tout moment, pour consolider les résultats thérapeutiques.

La magnétothérapie auriculaire est une autre technique souvent observée, il y a plusieurs années, l'application clinique de cette méthode était limitée au traitement de la douleur et à la cicatrisation des plaies. Plus tard, la familiarisation avec les caractéristiques auriculaires et la progression des connaissances sur le magnétisme ont mis en évidence que la stimulation magnétique des points d'acupuncture était analgésique, anti-prurigineuse, hypnotique et avait des effets régulateurs sur le système nerveux végétatif. Le vaste champ d'application, la rapidité de l'efficacité et les succès thérapeutiques ont fourni, à de plus en plus d'acupuncteurs, un outil innovant et précieux, La méthode de sélection des points est la même que celle de l'acupuncture habituelle et le matériel habituellement utilisé pour la stimulation de l'oreille est une petite bille ou fin grain magnétiques atteignant 600 à 800 Gauss.
 
  Vous pouvez lire la suite de l'article dans la version papier de Méridiens numéro 103