La place de l'acupuncture a été étudiée à propos d'une observation d'une paraplégie flasque périphérique incomplète de type syndrome de la queue de cheval.

 Après la description d’un cas clinique selon la médecine occidentale et d’une nosologie tirée du chapitre 44 du Su Wen, une analyse permet de détailler les points utilisés en expliquant leur intérêt. Une critique des choix des points à la lumière de la bibliographie internationale donne enfin la place de l'acupuncture dans cette pathologie lourde de conséquences.

 I ) A propos d'une observation clinique

Victime d’une chute d’une hauteur estimée à 10 mètres survenue en août 1990 à la suite d’un accident de parapente, Monsieur D. Eric souffre d’une paraplégie flasque périphérique incomplète de type syndrome de la queue de cheval.

  Il s’agit d’un patient de 23 ans qui a présenté une fracture comminutive de la vertèbre lombaire L4, avec de nombreux fragments faisant irruption dans la queue de cheval et occupant la totalité du canal rachidien. Il existait également un diastasis inter-articulaire postérieur L4 L5 droit avec une hernie discale para-sagitalle droite, une luxation inter-articulaire postérieure gauche L4-L5, et en ce qui concerne le pelvis, des fractures para-sagitalles du coccyx.

 D’autre part, étaient objectivées une double fracture du tiers inférieur du péroné gauche et une fracture oblique du coin postérieur de l’astragale droit. Le tableau initial montrait surtout des troubles neurologiques majeurs remontant jusqu’au niveau de L2.

  Le traitement a consisté en une décompression médullaire, une laminectomie bilatérale L3, L4, L5 associée à la mise en place d’une plaque de Roy Camille, et bien sûr traitement par ostéosynthèse des autres fractures des membres. L’évolution est satisfaisante et en juin 1991, soit 10 mois après l’accident, Monsieur D. Eric recommence à marcher avec des cannes.

  L’examen clinique réalisé lors de la première consultation d’acupuncture retrouve donc une paraplégie flasque périphérique incomplète avec syndrome de la queue de cheval chez un patient de 67 kilos pour 1 mètre 66.

a. bilan moteur 

 il existe un déficit moteur avec paralysie plus ou moins complète des niveaux métamériques musculaires :

 Le tout est associé à une hypotonie.

b. bilan de la motricité réflexe

 Hormis un léger réflexe rotulien gauche persistant, tous les autres réflexes ostéo-tendineux sont abolis, en particulier le réflexe rotulien droit qui traduit une souffrance de la racine L3 et les deux réflexes achilléens (niveau S1).

Le patient présente aussi une abolition du réflexe anal et du réflexe bulbo-caverneux.

 Il n’existe pas bien sûr de signe de Babinski traduisant une irritation pyramidale.

 c. le bilan sensitif

Nous avons étudié la sensibilité superficielle fine, épicritique, au tact et à l’épreuve pique - touche qui était essentiellement perturbée.

Les territoires concernés sont :

Par ailleurs, il faut aussi mentionner les douleurs radiculaires impulsives à la toux à type de lombo-sciatalgies L5 ou S1 entraînant par intermittence des douleurs fulgurantes des pieds, fesses et à la face postérieure des jambes.

d. le bilan neurologique

On retrouve une anesthésie en selle associée à des troubles génitaux sphinctériens. Le réflexe mictionnel, dépendant des racines S1, S2-S4, est absent entraînant une vessie neurologique de type périphérique. Il persiste néanmoins une activité myogène intrinsèque permettant au patient de déclencher ses mictions toutes les 3 heures environ par autosondage urinaire. D’autre part, il existe des troubles de l’érection, une perte de la sensibilité de la verge, une éjaculation rétrograde.

 On retrouve une amyotrophie des triceps suraux, des muscles de la loge antéro-externe des jambes, et également une déficience des fessiers rendant la marche malaisée et nécessitant les cannes.

L’ensemble constitue une paraplégie flasque périphérique incomplète de type syndrome de la queue de cheval.